Ma GRS - Récit de ma vaginoplastie

Jour précédentRetourJour suivant

Samedi 29/11/2003 (J+5)

Visite de Yasmin Petite visite de mon amie Yasmin qui me remonte le moral.

La nuit

Avant chaque mesure (une par heure), j'essaie de me calmer au maximum pour avoir une tension artérielle satisfaisante et être autorisée à marcher.

Mais tous ces efforts ont malheureusement pour effet de dissocier mon corps et mon esprit. Je perds peu à peu le lien avec mes centres énergétiques, ce qui ne me plaît pas du tout et me fait peur. Ma tête me semble peser 50 kg.

Je n'arrive définitivement pas à dormir. Le temps est très long ...

5 h

Je n'ai pas eu de vrai sommeil de toute la nuit en raison de ma position couchée sur le dos, de mes jambes engourdies, du tensiomètre qui se déclenche toutes les heures, des va-et-vient incessants de l'infirmière pour me changer les perfusions, vider et mesurer l'urine, et relever les paramètres (pouls, oxymètre, TA).

Cette fois-ci c'est la crise de larmes. Ce séjour à la clinique est réellement la chose la plus pénible que j'ai eue à endurer dans ma vie. Le pire est que j'ignore totalement quand cette torture s'arrêtera.

Pour le reste, ma tension artérielle mesurée tout au long de la nuit est très bonne (environ 140/70).

7 h

L'infirmière me propose de me lever pour faire ma toilette et me promener un peu.

Peu après, je reçois mon petit déjeuner : 2 toasts, une dose de confiture, une dose de beurre et du thé. C'est délicieux.

Sans surveillance, après le petit déjeuner, je me relève seule et me dégourdis les jambes pendant une bonne demi-heure. Cela me fait un bien fou.

Le fait d'avoir mangé améliore nettement mon humeur. Je commence à me demander si ma dépression de cette nuit n'est pas aussi d'origine hormonale et alimentaire.

Si j'étais dans ma chambre, je reprendrais mes hormones en cachette. Mais ici, en salle d'observation, c'est délicat.

L'infirmière que je viens d'interroger m'apprend que je peux maintenant me promener quand je le souhaite, sur demande. Je suis heureuse bien qu'un peu méfiante (je me suis déjà fait trop de faux espoirs).

En attendant, je me recouche, on me rebranche mon électrocardiogramme, mon oxymètre (qui s'affole dès que j'ai le malheur de bouger mon doigt), et j'essaie de rattrape mon sommeil en retard. Je me sens toujours aussi fatiguée mais je n'arrive toujours pas à dormir. Je soupçonne un problème hormonal.

9h30

L'interne me prélève du sang pour mon troisième test du foie. Il est contraint de me piquer dans le pli du coude pour faire la prise de sang car ma perfusion (dans le cou) a un problème (le sang ne sort pas).

J'apprends que Frau Dr. Stier ne viendra pas aujourd'hui pour l'échographie.

12 h

Mon déjeuner arrive. De mieux en mieux : Une soupe, des lasagnes et un yoghourt.

Après une visite de mes parents, de mon amie Yasmin et une promenade d'une heure et demie dans ma chambre qui me fait beaucoup de bien et m'assouplit un peu les jambes, je reçois le résultat de mon analyse de sang de ce matin. Mes indicateurs du foie sont encore mauvais, mais un tiers meilleurs qu'hier. La très attendue Frau Dr. Stier m'annonce que si rien d'anormal ne se passe la nuit prochaine, je réintégrerai ma chambre demain matin entre 8 h et 10 h.

On m'informe aussi que mes bandages seront enlevés demain.

17 h

Mon dîner arrive : un plat avec 3 boules de glace, 3 poires, 3 cerises au sirop, accompagné de 2 toast et 2 portions de margarine. Je tartine la margarine sur mes toast et les mange sans accompagnement bien que cela me semble bizarre. Je comprends ensuite mon erreur en dégustant mon dessert : Les 3 boules de glace sont en fait 3 boules de fromage au goût très salé ! La cuisine allemande est définitivement pleine de mystères :-) Je mange malgré tout le fromage et les poires sans me poser de question, car je n'ai pas envie d'avoir faim plus tard. Je reçois un yoghourt en dessert.

23 h

Je n'arrive toujours pas à dormir, mais maintenant, la raison est évidente : ma position allongée prolongée amène trop peu de sang dans mes jambes et trop de sang dans mon cerveau. Je comprendrai plus tard que ma perfusion dans le cou perturbe elle aussi ma circulation sanguine. Il en résulte une surexcitation permanente et un sentiment d'avoir la tête gonflée, qui m'empêchent de dormir. J'entends un léger sifflement de manière continue, et en fermant les yeux, je vois des taches violettes s'animer devant moi.

Le dilemme est le suivant : Si j'essaie de me sentir mieux en changeant de position, en faisant de petits exercices physique dans mon lit ou par des techniques méditatives (très efficaces en l'occurrence), mes instruments (ECG, oxymètre) s'affolent au moment même où je commence à sentir un effet bénéfique. Et je n'ai pas envie que, ce faisant, l'équipe médicale en déduise que mon état de santé nécessite de prolonger mon séjour en observation, car c'est précisément ce séjour qui nuit à mon état de santé.

Je crois qu'à ce moment là, je prends pleinement conscience des limites de la médecine occidentale qui se préoccupe plus des chiffres et des appareils de mesure que de l'état de santé et du bien-être des patient(e)s.

Je pourrais, certes, sacrifier mon sommeil de cette nuit à ma liberté de demain, mais je trouve l'idée absurde. Pour finir, j'explique donc à l'infirmière que ma position est inconfortable et que j'ai plus que besoin de me lever pour bien dormir ensuite. Je lui dis aussi que mon ECG et mon oxymètre s'affolent lorsque je fais un peu d'exercice pour me détendre (je ne lui parle pas de méditation, j'ai peur qu'elle ne comprenne pas). Elle me donne son accord, et je lui confirme qu'hormis l'inconfort je me sens très bien.

Je marche pendant une demi-heure dans les couloir du service. Je profite de cette balade pour dire à l'infirmière combien j'apprécie le professionnalisme et la gentillesse du personnel soignant de ce service.

En me couchant, mon état n'est pas encore satisfaisant mais je me sens déjà 10000 fois mieux. Mon cerveau est encore trop irrigué pour me permettre de dormir, mais ma situation est plus supportable et mes sifflements ont disparu. Mes jambes aussi sont moins lourdes.

Ne pouvant pas dormir, j'entre en méditation. Je me rends vite compte qu'en situation critique ou pénible, mon corps me dicte de manière intuitive comment rediriger mes canaux d'énergie. Je bénis par la même occasion Tina, ainsi que mon stage de Tai-Chi de cet été qui m'ont ouvert cette voie. Après une heure de méditation, je suis bien plus relaxée et je sens que mon état de conscience a basculé. Je ne souffre plus. Le temps ne passe pas plus vite que la nuit dernière mais ma perception de celui-ci à changé, le rendant inexistant. Aucune pensée ne trouble plus mon esprit. Je suis enfin en paix.

J'arrive ainsi à trouver un peu de sommeil (ou un état psychique proche). Je me réveille un peu plus tard dans un état semi-conscient dans lequel, je le pense, je me focalise sur mon sixième chakra afin de prendre de la hauteur par rapport à mon corps et rééquilibrer ses énergies de l'extérieur. Bien que cette technique de désincarnation soit assez éprouvante, je constate qu'elle fonctionne bien.

Je me réveille réellement vers 5 h.