Ma GRS - Récit de ma vaginoplastie

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Dimanche 23/11/2003 (J-1)

Veille de l'opération. Je bois encore 2 litres de laxatif.

5h30

L'infirmière de nuit, qui s'en va, passe me dire au revoir.

6h45

La femme de chambre me dit 'Guten Morgen' ('bonjour').

7h15

J'émerge difficilement. J'ai dormi en pointillé et relativement mal à cause du stress et aussi du fait de savoir que les journées commencent tôt ici, et que je peux potentiellement être dérangée à tout moment pour des soins ou 'réjouissances' diverses (bien que je sache que cette journée de dimanche en comportera très peu).

La faim (je n'ai rien avalé depuis hier matin) n'arrange rien à mon sommeil et m'affaiblit considérablement. Cela dit, cet état reste tout à fait supportable.

Les horaires matinaux, les entrées/sorties intempestives dans ma chambre et le stress de ce qu'il m'attend me rappellent un peu mon mois de classes du temps où j'étais un 'vrai homme' qui faisait l'armée :-)

Je regrette par moments que le personnel soignant soit aussi sympathique et attentionné. Je me dis qu'une ambiance plus stricte et plus 'musclée' m'aideraient à envisager mon séjour ici de façon plus ludique ;-)

7h30

La femme de chambre vient faire un peu de ménage.

7h40

L'aide soignante (celle qui m'a accueillie à mon arrivée, très gentille au demeurant) vient prendre ma tension. TA = 130/80, température = 36.2°C dans l'oreille.

Elle me rassure et me dit qu'elle sera ici la nuit d'aujourd'hui à lundi.

9 h

Laxatifs, chapitre 2.

Deux litres à boire avant 11 h. Je pars d'abord boire une tisane à la menthe puis je vais bavarder une demi-heure avec mes deux consœurs de la chambre en face.

L'une est suisse et l'autre, néerlandaise, vient pour sa troisième opération de 5 h, destinée à corriger les erreurs faites lors de ses première et deuxième opérations par le Dr. Schaff à Dachau. Toutes deux tiennent des propos fort élogieux sur Frau Dr. Spehr, et me confirment que sous sa façade autoritaire, c'est une femme très sensible qui connaît bien les personnes transgenre et à qui il est possible de tout confier.

12 h

Agréable surprise : on m'apporte un potage. Soit le cuisinier est un dieu, soit j'avais réellement faim. Dans tous les cas, ce déjeuner est incroyablement délicieux.

13h30

L'infirmier polonais (qui se prénomme Witold) relève ma tension. TA = 125/80, température dans l'oreille = 36.5°C

Il me remet un questionnaire à remplir sur mes antécédents médicaux (page 1, page 2, page 3, page 4).

15h40

Ma diète commencée hier m'a pris toute mon énergie. Je ressens le petit mal de tête caractéristique que j'ai à chaque fois que j'ai faim. Je ne veux néanmoins pas trop me reposer afin d'arriver encore à dormir cette nuit, mais je ne suis pas assez motivée pour faire grand-chose car la force me manque. Le résultat est que je m'ennuie beaucoup. Heureusement, je reçois quelques coups de téléphone et je discute à nouveau une bonne demi-heure avec mes voisines.

Je prends une petite douche, histoire d'être propre demain. Elle me fait un bien fou.

16h45

Visite de l'anesthésiste qui me pose quelques questions sur mes antécédents médicaux et récupère le questionnaire que je viens de compléter. Je serai anesthésiée demain à 7h45. A ma demande, j'aurai un cachet pour bien dormir cette nuit (tranxzepam, une benzodiazépine d'après le nom).

17 h

Dernier repas (bouillon) avant l'opération, suivi d'un bon nombre d'appels téléphoniques qui me redonnent du courage.

17h40

Une infirmière m'apporte mon cachet de tranxzepam à prendre à 22 h.

A partir de 22 h, j'ai interdiction formelle d'avaler (ou boire) quoi que ce soit. J'ai par ailleurs pour consigne de me raser entièrement le pubis avant demain matin.

20h15

Visite de Frau Dr. Spehr qui me rappelle les risques inhérents à l'opération et me donne à signer un 'Einverständniserklärung [page 1, page 2]' ('déclaration d'accord', document qui atteste que j'ai bien conscience de ces risques). Elle ré-examine rapidement mon pénis.

A ma demande, mes parents seront informés de l'issue de l'opération, qui durera normalement de 8 h du matin à 16 h de l'après-midi.

Frau Dr. Spehr me demande d'enlever mon piercing au nombril pour l'opération. Si une réanimation est nécessaire, les objets métalliques perturbent en effet les stimulateurs cardiaques. A cause des risques d'infection, il est impossible que quelqu'un me remette en place mon piercing après l'opération.

J'ai droit à une brève explication du fonctionnement du stent (voir la page explicative).

Je passe un dernier coup de téléphone à mes parents, ainsi qu'à Cornelia. Sur les conseils de Tina, je médite un petit peu, puis j'avale mon cachet tranquillisant avant de me coucher.