Jour du départ, en voiture, accompagnée de mes parents. Je passerai la nuit à l'hôtel à Munich pour arriver demain reposée et à l'heure (avant midi) à la clinique. 'Au revoir' déchirant à Cornelia. Tout ce qu'on a vécu ensemble ces 3 dernières années défile devant mes yeux. J'espère revenir bientôt, indemne et surtout inchangée dans ma personnalité. |
Jusqu'à avant-hier, mes seules peurs étaient projetées sur l'aspect technique de l'intervention (l'anesthésie en particulier). Je comprends maintenant que cette relative insouciance était une fuite. Depuis hier, mes sentiments sont un mélange de peurs, d'angoisses indéfinissables et irrationnelles mêlées à un peu de tristesse. Si j'écoutais ces sentiments et non ma raison, je pense que je ferais machine arrière.
Plusieurs choses me nouent l'estomac : la peur du docteur, bien sûr, mais aussi l'impression très bizarre que cela peut faire d'entrer volontairement dans une clinique, en bonne santé, pour en ressortir très mal en point.
Mais une chose m'angoisse plus que tout, peut-être en raison du changement brusque que constitue l'opération : Le sentiment qu'il ne me reste que quelques dizaines d'heures à vivre mon ancienne vie. C'est un peu comme si j'avais programmé mon suicide et que je devais faire le deuil de ma vie avec un pénis pour ensuite renaître avec un néo-vagin. Evidemment, je ne vais pas mourir (enfin je l'espère), ni même renaître, et (je le souhaite vivement) cette opération qui n'est après tout que cosmétique et fonctionnelle ne me changera pas fondamentalement. Mais cela ne change rien à ce que je ressens.
Pour l'anecdote, depuis hier, je pisse debout. La dernière fois où je le ferai sera le petit rituel qui m'aidera à tourner la page sans regrets.
Petite sortie au restaurant avec mes parents suivie d'un bon bain chaud à l'hôtel. J'arrive à me détendre.