Petit déjeuner à l'hôtel puis arrivée à la clinique. Veille de l'opération. |
Réveil suivi d'un petit déjeuner copieux à l'hôtel.
Départ en taxi puis S-bahn et U-bahn pour la clinique.
La clinique est plus en travaux que jamais. Je pense avoir 5 minutes de retard alors que je suis en fait attendue pour 14h.
Il n'y a personne à l'accueil, tout le monde est parti manger. Nous nous asseyons dans la salle d'attente provisoire. Les infirmières que nous croisons sont charmantes. Je retrouve quelques vieilles connaissances.
Je remplis le formulaire d'entrée : les habituelles questions sur mon nom, mes coordonnées, ma nationalité.
Nous arrivons dans ma chambre : la chambre 310. J'ai la chance d'avoir un beau balcon et une salle de bain spacieuse avec baignoire.
Une infirmière nous sert un thé à ma compagne et à moi. Je constate que le personel est toujours aussi attentionné. Mon premier exercice d'allemand consiste à remplir le questionnaire médical (page 1, page 2, page 3, page 4).
Arrivée de ma voisine de chambre dont le passing est parfait. Elle est réelement très mignonne. J'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'une 'femme bio'. Son nom est Marion.
Une infirmière relève ma tension : 150/80. Tout va bien, malgré la fatigue.
Je range mes valises.
J'appelle Cornelia qui est très heureuse et rassurée de m'entendre. Il est vrai qu'une certaine distance s'était installée entre nous ces derniers temps pour tout un tas de raisons.
Je téléphone ensuite à Dani (une amie Munichoise très proche) pour lui donner quelques nouvelles. Elle a une petite voix car Yasmin, sa compagne, n'a pas le moral ces derniers jours. J'espère vivement les voir pendant mon séjour à Munich.
J'enlève 2 ou 3 petits bouts de cire encore accrochés à mon pubis. J'ignore vraiment comment ils sont arrivés là...
Une infirmière vient relever ma température : 36,3°C à l'oreille. Elle me remet un questionnaire à remplir au sujet de mes maladies éventuelles, allergies, séjours précédents en clinique, dents, groupe sanguin, et contact téléphonique. Elle m'apporte également le très important questionnaire des repas du midi et du soir en expliquant à ma voisine et moi que nous ne mangerons pas demain midi. Je demande en plaisantant si il n'est pas possible de reporter l'opération à mardi étant donné que les Wiener Schnitzel sont au menu demain midi.
Nous avons droit à l'habituelle mise en garde de l'infirmière au sujet des armoires, qu'il est recommandé de fermer à clef pendant l'opération pour éviter les vols éventuels.
J'apprends que je serai opérée tôt demain matin avec ma voisine. Nous aurons un repas léger ce soir.
Ma voisine me semble plutôt sympathique. De surcroît, elle est très mignonne, ce qui ne gâche rien.
On vient nous apporter du thé que ma compagne et moi buvons avec des petits gâteaux et du chocolat.
Le dîner, :un assortiment de charcuteries et du fromage,.n'est pas mauvais malgré le regard un peu dégoûté de ma compagne qui ne semble pas apprécier à sa juste valeur la finesse de la gastronomie bavaroise.
Nous prenons quelques photos, tantôt informatives, tantôt rigolotes.
Je reçois une visite d'une doctoresse assez efficace et plutôt sympathique. Mon opération aura lieu demain matin vers 7h30. Je serai la première sur quatre dans la file d'attente.
Départ de ma compagne. C'est un moment un peu triste pour elle comme pour moi. Je la serre dans mes bras et tente de la rassurer un peu au sujet de demain.
Bizarrement, je suis plus détendue qu'elle avant cette seconde opération. Je ne peux pas véritablement dire que j'angoisse malgré le risque évident de l'anesthésie et mes précédents arrêts cardiaques. Ceci m'incite à penser que mon appréhension avant la première opération venait finalement plus de la transformation brutale de mon corps que de l'intervention chirurgicale en soi.
Je discute avec ma voisine Marion. Elle est autrichienne (de Lienz), opérée en février de cette année par Frau Dr. Spehr. Elle non plus ne semble pas beaucoup appréhender l'opération de demain.
J'appelle Tina avec qui j'avais quelque peu perdu le contact ces derniers mois. Elle semble aller bien. Je suis heureuse.
Visite de l'anesthésiste à qui je rends le questionnaire médical ('Fragebogen').
Il me repose les mêmes questions au sujet de mes maladies éventuelles, allergies, dents, et me demande si je fume. Je lui parle des mes arrêts cardiaques durant la première opération. Il note cette information sur son dossier et me rassure : L'opération sera plus courte et comportera moins de risques que la vaginoplastie.
Je pourrai en principe boire demain après-midi et manger normalement dès demain soir. Le retour dans ma chambre se fera au courant de l'après-midi.
Frau Dr. Spehr passera dans la soirée.
L'anesthésiste me propose un cachet pour mieux dormir cette nuit. J'accepte sa proposition sans savoir si je le prendrai ou non.
Je reçois un appel de ma compagne. Elle est bien installée dans l'auberge de jeunesse où elle passera la semaine. Je lui fais mes derniers adieux au téléphone avant demain.
Arrivée de Frau Dr. Spehr, rayonnante, de bonne humeur, et pleine d'entrain.
Après un passage en revue de mon dossier, une brève inspection de mon entrejambe et une confirmation par moi du bon fonctionnement de ma 'Muschi', elle nous informe ma voisine et moi que notre sortie de la clinique se fera très certainement avant la fin de la semaine.
Je discute avec Frau Dr. Spehr de la situation française des personnes transgenre et du problème épineux des remboursements. Elle est affligée par la situation et pense que les trans' françaises devraient s'organiser et faire des procès, photos à l'appui, contre la Sécurité Sociale et les compagnies d'assurances afin d'obtenir un droit aux remboursements. Je lui parle des actions en cours des associations françaises.
Frau Dr. Spehr raye un ancien document sur lequel figure ma photo tout en m'expliquant qu'elle ne raye pas ma photo car celle-ci lui plaît et qu'elle préfère la garder. Sympathique :-) Je signe pour l'opération et règle, en espèces, les honoraires de Frau Dr. Spehr. Elle ne me demande (à titre exceptionnel compte tenu de la situation française et du fait que je doive tout financer de ma poche) que 500 euro. Cette ristourne me confirme, une fois de plus, que Frau Dr. Spehr est une personne très humaine.
L'infirmière de nuit entre dans la chambre pour nous apporter nos bas de contention ainsi que 10 mg d'une benzodiazépine que je décide finalement de ne pas avaler. Je serai réveillée à 6h30 demain matin. J'ai pour consigne d'être totalement rasée avant l'opération.
Je reçois un appel de mes parents. Je les informe rapidement du déroulement des opérations. Ils me serrent les pouces avant de me laisser féliciter mon petit frère qui vient de se marier. Apparement, la fête était réussie.
Je me rase complètement l'entrejambe (ce qui va plaire à ma compagne ;-) puis je me détends dans un bon bain moussant.
J'ai une longue discussion avec ma voisine de chambre sur différents sujet. Nous faisons un peu plus connaissance avant de nous souhaiter mutuellement bonne chance pour demain.
La nuit est relativement difficile. Je me réveille environ 5 fois en angoissant au sujet de demain. J'ai choisi de ne pas avaler l'anxiolytique et j'assume cette décision.