Appelées à tort 'hormones sexuelles', les hormones stéroïdes sont avant tout des hormones de croissance qui agissent sur le corps entier, et non seulement sur les organes de reproduction. Leur nom 'stéroïdes' vient du cholestérol dont elles sont toutes dérivées.
Toutes les hormones ne sont pas stéroïdes, y compris parmi les hormones, naturelles ou non, qui entrent en jeu dans le développement des organes sexuels. Mais les stéroïdes forment une grande famille, et des hormones très connues comme la testostérone (principal androgène), l'estradiol (principal estrogène), ou la progestérone (progestatif naturel) font partie de cette famille. [002]
Rares sont les hormones qui ont un rôle précis et un effet unique. Les hormones stéroïdes ne dérogent pas à cette règle : elles agissent sur la croissance de diverses partie du corps, la peau, les os, la pilosité, la répartition des graisses, le stockage et la consommation d'énergie, la digestion, la libido, l'humeur, le système immunitaire et bien plus encore. Pour couronner le tout, comme beaucoup d'hormones, les stéroïdes interagissent avec d'autres hormones et avec le système nerveux central. [002]
Néanmoins, elles sont responsables de la plupart des différences physiques constatées entre les mâles (p.ex. pilosité, muscles plus développés, mue de la voix, calvitie) et les femelles (p.ex. répartition différente des graisses, poitrine), elles jouent un grand rôle dans les fonctions et comportements reproducteurs, et leur concentration est habituellement différente selon les sexes. Ceci explique qu'on leur a très vite collé l'étiquette réductrice d''hormones sexuelles'. [002] [020]
Dans la famille des stéroïdes, on distingue plusieurs sous-familles. Les membres d'une sous-famille ont en commun certaines propriétés chimiques, et certains types d'effets.
Les androgènes : Ils sont responsables de la plupart des effets jugés 'virilisants', comme la mue de la voix, la pilosité, ou un fort développement du squelette et des muscles. Ils sont très appréciés par les body builders et autres fans de musculation. L'androgène le plus connu est la testostérone. La DHEA aussi est un androgène, dont les media parlent beaucoup ces dernières années (en général à tort, mais ceci est un autre débat). [002]
Les estrogènes : Ils sont responsables de
la plupart des effets jugés 'féminisants',
comme le développement de la poitrine, et
interviennent dans le cycle menstruel. L'estrogène
principal est l'estradiol (aussi appelé
E2). Il est produit en quantité importante par les
ovaires. L'estrone (E1) et l'estriol (E3) sont deux
autres estrogènes présents dans le corps
humain, mais aux effets 'féminisants' moins
prononcés.
Les estrogènes s'obtiennent toujours par
aromatisation (une transformation chimique
irréversible) des androgènes. Une enzyme
s'en charge : l'aromatase. [002]
Les progestatifs : Ils jouent un rôle majeur dans la grossesse, dans le cycle menstruel, et ont un effet anti-androgénique et anti-estrogénique. Ils participent au développement naturel de la poitrine chez la femelle. Les progestatifs naturels jouent également un rôle important dans la libido féminine et le bien-être (ce qui n'est pas le cas des progestatifs de synthèse appelés 'progestines'). Le principal progestatif naturel est la progestérone. [002] [006] [008] [009]
Les corticoïdes : Ils interviennent dans la réponse au stress, au froid, la régulation du niveau de glucose (glucocorticoïdes) et la régulation des niveaux de sodium, potassium et eau (mineralocorticoïdes) dans notre corps. Sans eux, c'est la mort assurée. Ceci est surtout vrai pour les mineralocorticoïdes qui participent à la régulation de la tension artérielle. Les corticoïdes sont produits par les glandes surrénales. Le principal glucocorticoïde est le cortisol. Le principal mineralocorticoïde est l'aldosterone. [002]
Les précurseurs : Certains stéroïdes ne se laissent pas vraiment ranger dans les catégories précédentes, mais sont indispensables pour les fabriquer (par transformations successives à l'aide d'enzymes). On les dit 'précurseurs'. Le précurseur par excellence est le cholestérol : tous les stéroïdes, sans exception, sont issus de lui. [002]
En simplifiant, on dit souvent que la testostérone est 'l'hormone mâle', et que les 'hormones femelles' sont les estrogènes et la progestérone. C'est vrai dans un certain sens, car effectivement, on trouve plus d'estrogènes chez les femelles, et plus de testostérone chez les mâles. [002]
Mais il faut toujours garder à l'esprit que les femelles produisent aussi un peu de testostérone (qui, à dose modérée, accroît l'efficacité des estrogènes, agit en tant qu'antidépresseur et favorise la libido féminine), et que les mâles fabriquent aussi un peu d'estrogènes et de progestérone. Le tout ou rien n'existe pas dans la nature, et il est même conseillé de l'éviter : une femme cisgenre, ou une femme transgenre MtF sous Traitement Substitutif Hormonal, qui se traite p.ex. pour éradiquer complètement sa testostérone ne fait pas du bien à sa santé et s'expose, entre autres, à des dépressions. [002] [003] [020]
Les hormones stéroïdes sont principalement produites par nos gonades (ovaires ou testicules selon le cas), sur ordre de l'hypothalamus et de l'hypophyse qui sont pour ainsi dire les chefs d'orchestre des glandes de notre corps. [002]
L'hypothalamus, situé dans le cerveau, produit une hormone (non stéroïde), la GnRH (Gonadotropin Releasing Hormone) qui indique à l'hypophyse qu'elle doit produire deux hormones (elles aussi non stéroïdes), la FSH (Hormone Folliculo-Stimulante) et la LH (Hormone Lutéinique). [002]
La FSH et la LH vont ordonner aux gonades, entre autres, de fabriquer des stéroïdes (testostérone, estradiol ou progestérone). [002]
La présence dans le sang en quantité suffisante des hormones stéroïdes ainsi produites est un signal qui indique à l'hypothalamus et à l'hypophyse qu'ils peuvent arrêter de produire la GnRH, la FSH et la LH. Le niveau d'hormones est ainsi régulé par ce que l'on appelle une rétroaction (ou un feedback) négative. [002]
Ceci est le principe général, principe qui se décline néanmoins un peu différemment selon qu'il s'agit de mâles ou de femelles, comme nous allons le voir.
En plus de la boucle Hypothalamus-Hypophyse-Gonades, notre corps dispose d'une autre source de stéroïdes. Il s'agit des glandes surrénales. Les surrénales sont indispensables pour nous maintenir en vie car elles produisent les corticoïdes, substances qui régulent en partie le niveau de glucose circulant dans notre sang et surtout la tension artérielle. [002]
Une petite partie des androgènes est produite par les surrénales, chez le mâle comme chez la femelle. L'androgène des surrénales par excellence est la DHEA (Dehydroepiandrosterone), moins 'virilisante' que la testostérone mais très favorable au système immunitaire. Un autre androgène produit principalement par les surrénales est la delta-4-androstenedione. [002]
L'activité des surrénales est sous le contrôle de l'ACTH, une hormone non stéroïde produite par l'hypophyse. La production d'ACTH est elle même régulée par la CRH, une hormone de l'hypothalamus. [002]
L'activité des testicules est sous le contrôle de l'hypophyse et de l'hypothalamus. Les testicules sont constitués de deux types de cellules :
Les cellules de Leydig, stimulées par la LH, produisent la testostérone, qui agit directement sur certains muscles, mais qui la plupart du temps, pour agir, a besoin d'être convertie en DHT (dihydrotestostérone) par une enzyme (la 5-alpha-reductase). La présence de testostérone dans le sang limite la production de GnRH, de FSH et de LH. C'est par cette rétroaction négative qu'est régulé le niveau de testostérone. [002]
Les cellules de Sertoli, stimulées par la FSH, produisent un peu d'androstenedione (un tiers de la production environ), un autre androgène moins puissant que la testostérone et susceptible d'être transformé en estrone, la principale source d'estrogènes chez les mâles. Elles sont par ailleurs responsables de la libération des spermatozoïdes. Enfin, elles libèrent une hormone non stéroïde (découverte en 1985) : l'inhibine. Cette hormone régule l'activité des cellules de Sertoli en demandant à l'hypophyse de produire moins de FSH. [002]
En outre, les surrénales participent, dans une petite mesure, à la production d'androgènes (androstenedione, DHEA). [002]
Chez la femelle, les choses sont un peu plus compliquées que chez le mâle, car leur corps suit un cycle. Les ovaires produisent de l'estradiol et de la progestérone, toujours sous la supervision de l'hypophyse et de l'hypothalamus. La plupart du temps, il existe une rétroaction négative, comme chez le mâle, c'est-à-dire que la présence de ces deux stéroïdes dans le sang indique à l'hypothalamus et à l'hypophyse d'en limiter la production. Toutefois, au-delà d'un certain niveau d'estradiol, la rétroaction devient positive et toute la mécanique s'emballe : on obtient un pic de LH, qui déclenche l'ovulation. Pour en savoir plus, consultez notre page sur le cycle ovarien. [002]
Comme les testicules, les ovaires produisent un androgène léger, l'androstenedione. Chez la femelle, environ la moitié de l'androstenedione provient des ovaires et l'autre moitié des surrénales. [002]
Comme chez le mâle, les surrénales sont sous le contrôle de l'ACTH (en provenance de l'hypophyse) et produisent de l'androstenedione et de la DHEA. [002]
Testostérone |
Famille : |
Androgènes (hormones stéroïdes). |
Produit par : |
Testicules. [002] |
Principaux effets : |
Effet anti-estrogénique (par rétroaction
sur l'hypothalamus et l'hypophyse). [002] |
DHT (dihydrotestostérone, autre appelation : androstanolone) |
Famille : |
Androgènes (hormones stéroïdes). |
Produit par : |
Conversion de la testostérone dans les cellules cibles. [002] |
Principaux effets : |
Physiques :
Psychiques : |
Estradiol |
Famille : |
Estrogènes (hormones stéroïdes). |
Produit par : |
Ovaires. [002] |
Effets : |
Physiques :
Psychiques : |
Progestérone |
Famille : |
Progestatifs (hormones stéroïdes). |
Produit par : |
Ovaires. |
Effets : |
Physiques :
Psychiques : |
© Support Transgenre Strasbourg, le 2 décembre 2007