Le témoignage de Nathalie (Midi)

Dernière mise à jour faite le 1er juin 2004


Le rêve d'une femme


Tout commence il y a 30 ans, un bébé nommé Nathalie naît avec une erreur, elle est un garçon. Elle s'appelera alors Olivier.

Toute sa plus tendre enfance se passe bien jusqu'au jour où, en vacances dans les Pyrénées avec ses parents et sa petite sœur, Olivier est en panne de slip. Sa mère lui passe une de ses culottes en dépannage jusqu'au soir. Et là, révélation, Olivier se souvient de Nathalie.

Olivier est perdu, il ne sait plus qui il est, un garçon ou une fille ? Peut-être bien une fille ? Tout le monde se moque d'elle avec sa voix efféminée, son 'cul' qui se balance de droite à gauche comme celui des filles. Peut-être bien un garçon, car il est bricoleur comme son père et possède comme lui un sexe d'homme.

Homme ou Femme ???

Pendant le reste de sa vie, il se travestira en femme dès qu'elle aura un moment.

- Ça ira des collants du tiroir de sa mère quand la maison était vide.

- De s'habiller en sous-vêtements féminins sous ses vêtements de garçon, le tout bien rangé dans sa chambre pour que personne ne découvre ce secret.

- Ce sera pendant ses différents stages d'étudiant à l'étranger de vivre plus librement ses désirs d'être femme, oreille percée en Angleterre.

Un jour au retour de mon séjour en Yougoslavie, pendant l'armée, j'avais fait livrer chez moi par une boutique par correspondance de bijoux une bague et de quoi me faire un trou dans l'oreille droite. J'avais pourtant bien stipulé sur le bon de commande un colis anonyme. Eh bien non, il était marqué en grand dessus la marque du catalogue. Ceci éveilla des soupçons chez ma mère qui dans ma tendre enfance avait sûrement déjà trouvé des boucles d'oreille clip que je cachais dans mon gant de toilette. Des fois, c'etait ma mère qui changeait ce gant de toilette. Un après-midi, elles me prirent, ma sœur et ma mère entre quatre, ou plutôt six, yeux pour me dire qu'elles avaient trouvé dans ma chambre mes sous-vêtements et collants. Ils étaient plutôt bien cachés, ils étaient dans un de ces grands paquets de clopes qu'il y a chez les buralistes. Fallait vouloir les trouver.

Elles m'ont demandé à mon grand désespoir de tout prendre et de mettre tout cela dans la poubelle, je le fis à grand désespoir. Quinze jours étaient passés que mon envie d'être Nathalie revient. Je replonge dans cette invraisemblable chasse à ne pas être vue ou découverte. Nous sommes au début de l'année 2000.

Au mois de mai 2000, en rentrant le soir du travail, je trouve sur le bord de la piscine une fille magnifique. Anne, en vacances avec ses parents, qui louent une chambre d'hôtes à l'étage. Le coup de foudre, je la drague, elle me drague, bref nos cœurs s'enlacent et nous sortons ensemble.

Nathalie ne me quitte pas, elle se rappelle à moi dès que possible. Un collant par-ci, des sous-vêtements par-là. Bref, je ne sais plus que faire. Je préviens Anne de mes attirances féminines et elle n'aime pas ça du tout, ce que je comprends tout à fait : elle pense aimer un homme qui s'appelle Olivier, et en fait, c'est une femme qui s'appelle Nathalie. Il faut désormais éviter ce sujet qui la fâche. Peut-être qu'avec le temps, Nathalie disparaîtra.

Je me souviens d'un soir ou j'avais un désir fort de lui faire l'amour. Je louai une chambre pour être plus autonome, et pendant qu'Anne prenait sa douche, j'ai enfilé sa robe pour la faire rigoler, elle me demanda de l'enlever immédiatement. Elle a vraiment peur de perdre Olivier. Trois ans, trois mois et trois jours plus tard, nous nous marions. Je suis heureux comme un homme avec elle. Elle finit sa troisième année d'études pour être infirmière. C'est un joli métier qui me permet de pouvoir me travestir sans problème, je connais ses heures de stages et de cours, je suis libre de mes mouvements.

Nous avons décidé, enfin plutôt moi, de déménager à la fin des ses études pour aller vivre dans le Lot. Une nouvelle vie qui va commencer, nous allons être parents d'un petit Simon. Pendant que ma femme est à la Maternité pour sa césarienne, je vis ma vie de Nathalie pendant mes nuits sous la couette. Eh oui, il y a mes beaux-parents qui sont descendus à la maison pour la naissance, alors discret-discret.

J'aimerais des fois tout plaquer, tout foutre en l'air et vivre ma féminité à l'air libre. Mais je n'ai pas le courage d'affronter l'extérieur, de mettre mes enfants dans une disposition délicate à l'école avec les autres enfants qui, on le sait bien, sont parfois très blessants dans leurs paroles. Je dis 'mes enfants' car une petite Charlotte est venue compléter la famille.

J'ai bien eu l'année dernière une forme de courage, dans un moment de déprime où Nathalie se mélangeait à Olivier, de parler à ma femme de mes idées féminines, qui l'ont rendue très malheureuse. J'ai peur de la perdre, c'est peut-être con à dire, je rêve d'être une femme, et j'ai peur de perdre la mienne. Quelle serait ma réaction si demain, elle m'annonçait qu'elle désirerait être un homme ??? Je ne veux pas perdre mes enfants, ma femme et tout ce que l'on est en train de concevoir, notre maison en construction, sa mise en libérale pour son travail...

Une fois, je me suis rasé les jambes sous la douche, que c'était agréable de ne plus sentir ses poils sur sa peau. J'ai eu la gueule pendant un bon bout de temps, jusqu'à ce qu'ils repoussent, car elle surveillait en me touchant les jambes le soir. J'ai bien essayé de faire durer cette épilation le plus longtemps en rasant un soir par-ci, un autre par-là, mais ça n'a pas pu durer malheureusement.

Anne est partie en vacances à Nantes, voir ses parents et découvrir le nouveau venu, Pierrick, je suis tonton dans l'apparence et tatie dans la tête. J'en ai profité pour vivre mon transgenre tous les soirs, là, au moment même ou j'ecris ces lignes, je suis en collant noir, mini-jupe, string et soutien-gorge rouge-violet avec un débardeur blanc. Je me suis percé l'oreille droite pour être plus belle. Hier soir, je me suis même mis un diamant dans la narine droite. Ce qui me manque, ce sont des chaussures, mais des chaussures de femme en 45, c'est plutôt dur à trouver dans une petite ville, dommage. J'en suis rendue à mon troisième collant, j'ai les mains tellement abîmées par le travail que je les file d'un rien.

J'ai passé plusieurs heures sur Internet dans le moteur de recherches "travesti et transsexuel", il y a de tout, je dirais même un peu trop de porno à mon goût. Mais j'ai trouvé deux-trois sites qui parlent bien du transsexuel, du transgenre et du travesti, des personnes qui ont eu le courage de passer le cap du contact avec les autres dans une tenue à laquelle on n'était pas habitués de les voir. Merci à elles d'avoir fait ce que je nose pas faire.

Cela fait maintenant six semaines que je corresponds par courriel avec différentes transgenre, elles m'aident énormément avec leurs expériences à vivre mon histoire d'homme dans la tenue, femme dans l'esprit.

J'espère un jour avoir le courage de vivre ouvertement mon état sans craindre le refus de ma femme, les regards des autres.

Merci à vous toutes.

Nathalie