Si un néo-vagin se rapproche d'un vagin naturel, au moins esthétiquement et fonctionnellement en partie (pour le plaisir), la lubrification ne se fait pas de la même manière que chez une femme cisgenre et peut parfois être innefficace.
Après la chirurgie génitale, certaines personnes transgenre bénéficient d'une lubrification naturelle satisfaisante tandis que d'autres doivent avoir recours à un gel lubrifiant pour permettre la pénétration. Même une chirurgie réussie n'écarte pas ce risque, car on n'est pas toutes égales en ce qui concerne notre lubrification naturelle.
Pour bien comprendre, rappelons tout d'abord comment se passe la lubrification naturelle des organes génitaux chez la femelle; chez le mâle; puis chez une MtF post-op.
Lors du coït, le vagin bénéficie tout d'abord d'une lubrification interne, par transsudation. Ce terme signifie que lors de l'excitation sexuelle, le vagin " transpire ", sur toute sa surface, une substance lubrifiante qui facilite la pénétration.
Par ailleurs, les glandes de Bartholin, situées de part et d'autre de l'orifice du vagin sécrètent en permanence de la cyprine, un liquide filant et incolore qui lubrifie l'entrée du vagin.
Enfin, les glandes de Skene, équivalents chez la femelle de la prostate, sécrètent un liquide qui participe à la lubrification du vagin lors du coït et sont responsables, chez certaines femmes; de l'éjaculation féminine. Lors de l'orgasme, ce liquide (de composition proche du liquide séminal masculni) est ainsi sécrétée en grande quantité.
Durant le coït, les glandes de Cowper produisent le liquide pré-séminal qui purge les résidus d'urine située dans l'urètre et joue un rôle de lubrification.
Parallèlement, la prostate sécrète le liquide prostatique, fluide, alcalin et laiteux, qui équilibre l'acidité de l'urine dans l'urètre et l'acidité naturelle du vagin.
Enfin; lors de l'éjaculation, le liquide séminal, sécrété par la prostate et les vésicules séminales est déversé dans l'urètre avant d'être éjaculé avec les spermatozoïdes produits par les testicules.
Le néo-vagin ne bénéficie d'aucune lubrification interne par transsudation. En clair, sa lubrification proviendra seulement de l'urètre ou d'une source exogène (gel lubrifiant par exemple).
Lors du coït : Une MtF n'a pas de glandes de Bartholin pour lubrifier la paroi externe de son néo-vagin. En revanche, ses glandes de Cowper peuvent le lubrifier indirectement grace à la sécrétion de liquide pré-séminal. Cette production est variable selon les individus. De même, une MtF n'a pas de glandes de Skene mais, à la place, une prostate qui, si elle a de la chance, peut sécréter du liquide prostatique en quantité suffisament abondante pour lubrifier indirectement le néo-vagin. En effet; le liquide pré-séminal et le liquide prostatique sortent du méat-urinaire, qui se situe, chez une post-op, au dessus de l'ouverture du néo-vagin.
Lors de l'orgasme, certaines post-op peuvent éjaculer. Cette éjaculation féminine ne provient pas, comme chez la femelle cisgenre des glandes de Skene, mais de la prostate et des vésicules séminales qui sécrètent respectivement le liquide prostatique et le liquide séminal. Ces deux liquides inondent alors l'entrée du vagin (mais un peu tard !). En outre, leur propriété lubrifiante est éphémère (en moins d'une minute, l'éjaculat devient collant et visqueux).
Une personne transgenre, sous traitement hormonal subsitutif depuis plusieurs mois, qui produit, lors de ses éventuels rapports sexuels, du liquide pré-séminal et du liquide prostatique aura une chance, après la chirurgie génitale, si son nouvel équilibre hormonal ne chamboule pas trop la sécrétion de ces liquides, de lubrifier ainsi son néo-vagin, d'une façon naturelle.
Chez les autres qui, comme moi, ne sécrètent aucun liquide avant l'éjaculation, l'utilisation d'un gel lubrifiant s'avérera incontournable.
Cet exposé s'applique bien sûr aux techniques opératoires proches de celle de Frau Dr. Spehr. J'ignore ce qu'il en est pour des techniques différentes, comme celles utilisant le côlon sigmoïde. Toute information ou témoignage sur ces autres techniques nous intéressent, bien évidemment.