Ma GRS - Récit de ma vaginoplastie

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La convalescence

Sortie de la clinique

Dimanche 14/12/2003 (J+20, une semaine après ma sortie de la clinique)

J'ose enfin monter sur ma balance. Vision d'horreur : j'ai pris 4 kg par rapport à mon poids pré-op. Je décide de me remettre sérieusement à l'exercice physique. Je constate que mes jambes ont perdu toute leur force. Il me faudra encore une semaine pour retrouver mes forces.

Lundi 15/12/2003 (J+21)

Je réalise une analyse de sang qui confirmera que l'état de mon foie est quasi normal à présent. Mon niveau d'hématies a baissé suite à mon séjour en clinique. Je décide de reprendre mon traitement à base de vitamines B12, B9 et de fer pour le rétablir. Je prends par ailleurs 25 mg/jour de DHEA orale pour retrouver mes forces (la DHEA est un anabolisant) et compenser la baisse certaine de mon niveau d'androgènes.

En prenant les transport en commun pour rentrer chez moi, deux imbéciles me crient 'travelo'. Cela ne me touche pas, je suis blindée contre ça, mais cela constitue toutefois la preuve évidente que l'opération génitale ne change absolument rien sur le plan social.

22/12/2003 : Rendez-vous chez mon urologue

D'après lui, la présence de calculs dans ma prostate détectée lors de l'opération n'est pas un problème. Ce phénomène est relativement courant et n'a aucune conséquence.

Dans un tout autre domaine, je constate que j'ai retrouvé mon énergie grâce à la DHEA et à la reprise des activités physiques.

23/12/2003 : Première tentative de câlins avec le vibromasseur

La sensation est à la fois un peu douloureuse (les lèvres sont irritées) et agréable. En dépit de mes efforts, je n'atteins pas l'orgasme.

Semaine du 26/12/2003 : Remise en question et dépression

Je fais l'expérience de la tristement célèbre dépression post-opératoire. Je traverse une sérieuse remise en question de mes relations, de ma vie, et les problèmes que je fuis habituellement apparaissent très clairement à mes yeux. Je pense que ce phénomène est plus lié à la coupure dans mon rythme de vie qu'a constitué mon temps en clinique, qu'à l'opération en soi.

Quoi qu'il en soit, j'entreprends de faire un grand ménage dans ma vie. Je me débarrasse de la motié de mes vêtements, je trie, je range, je jette, et surtout, je décide de mettre ma vie à plat pour partir sur de nouvelles bases. Entre autres, mon travail me préoccupe beaucoup (j'ai besoin de faire complètement autre chose) et mes relations avec ma famille me pèsent. Je décide de couper le cordon ombilical. Le problème est que je le fais de façon assez maladroite et très destructrice et il s'ensuit une période de dépression assez pénible et contagieuse.

30/12/2003 : Courrier reçu de Frau Dr. Spehr

Cette lettre s'adresse à mon médecin généraliste et décrit les soins à réaliser durant ma convalescence (page 1, page 2).

04/01/2004 : Constatation

Je constate que contrairement à mes craintes, je n'éprouve aucun regret suite à mon opération. Non seulement je suis satisfaite de mon nouveau organe génital, mon pénis ne me manque pas, mais je ne regrette pas non plus de ne pas avoir fait tout ce que je pouvais faire quand j'avais encore un génital masculin. La page est tournée pour de bon.

Je me dis que c'est un peu grâce au fait que j'ai conservé toutes ma sensibilité (la chirurgie a impacté au minimum mes terminaisons nerveuses). En effet, mes nouvelles sensations ressemblent à celles que j'avais avec mon pénis, ce qui me pousse à conclure que je n'ai finalement rien perdu. J'arrive à la conclusion que la préservation des sensations est primordiale sur le plan psychique, et que les MtF se retrouvant sans sensations génitales après l'opération (ce qui arrive en cas d'utilisation de techniques opératoires moins que parfaites) doivent vivre l'enfer. Je pense qu'une bonne partie des suicides post-opératoires de MtF (pas si rares que ça) doivent résulter de ce genre de problème.

06/01/2004 : Rendez-vous chez mon allergologue

L'hypothèse d'une allergie au latex est infirmée. Je réaliserai d'autres tests en clinique pour déterminer si je suis allergique aux produits anesthésiants. Dans ce but, j'adresse une lettre à mon anesthésiste pour lui demander quelles substances ont été utilisées lors de mon opération le 24/11/2003.

Le soir, je rencontre un problème pour uriner. J'ai fréquemment une envie intense d'uriner mais lorsque j'essaie, seules quelques goûtes s'écoulent de mon urêtre qui me fait mal. Je pense que ce problème vient d'une irritation et à une inflammation de mes lèvres qui font pression sur l'urêtre après une journée passée sans porter le stent. Je prends une douche, nettoie bien mon entrejambes, replace le stent et vais me coucher. Le lendemain matin, le problème a disparu.

28/01/2004 : Analyse de sang

L'état de mon foie est bon. L'estradiol est un peu élévé, tout comme la LH et la FSH. La castration a clairement modifié mon équilibre hormonal. Je décide de diminuer ma prise d'estradiol gel (2 mg / jour).

28/01/2004 : Reprise du travail

Ma convalescence se termine, sur ma décision. Je reprends le travail un mercredi pour redémarrer en douceur. Les deux semaines qui suivent, je ressens une grande fatigue.due au changement de rythme. En l'espace de quelques semaines, je vais progressivement reprendre toutes mes activités (cours du soir, kung-fu).

Nuit du 09/02/2004 au 10/02/2004 : Premier orgasme vaginal

Je suis réveillée par une infection urinaire (ma quatrième depuis l'opération) du sans doute à une hygiène insuffisante. L'urêtre et le clitoris sont très sensibles, je sens des contractions incontrôlables qui me poussent à uriner très fort (mais rien ne sort), et mes lèvres sont très enflées (elles recouvrent complètement le néo-vagin et l'urètre). Après plusieurs nettoyages / rincages à la douche et à la solution antiseptique, n'arrivant pas toujours à trouver le sommeil, et étant particulièrement sensible à mon entrejambe, j'entreprends de me masturber avec le vibromasseur. Etonnamment, avec les vibrations, toute gêne disparaît et les sensations sont plutôt agréables.

L'état actuel de mon périné m'empêche de prendre du plaisir lorsque le vibromasseur est complêtement introduit, car celui-ci butte contre un os lorsque je contracte mon vagin. Ce problème sera vraisemblablement corrigé à la deuxième opération.

Cependant, en introduisant le vibromasseur sur 3-4 cm, et en faisant des mouvement de va et vient (même technique que lorsque j'étais pré-op), j'arrive jusqu'à l'orgasme en 15 minutes environ. C'est mon premier orgasme post-op, et cet orgasme vaginal est bref et très intense (plus bref et plus intense que ceux que j'avais avec mon pénis). Il s'estompe assez rapidement (je ne sens presque pas d'endorphines) mais je suis satisfaite et rassurée.

Cette masturbation inatendue a atténué la gène de mon infection urinaire au point que je parviens sans difficulté à m'endormir. Au reveil, mes lèvres on bien désenflé et le problème a quasiment disparu.

16/02/2004 : Deuxième orgasme vaginal

Après deux heures de masturbation (sans me presser) à l'aide de mon petit vibromasseur, j'atteins un orgasme vaginal (le deuxième de ma vie). Il est puissant, long, et son effet (endorphines) met plusieurs minutes à s'atténuer. Les sensations sont un peu différentes (plus agréables) que mes orgasmes pré-op. Je sens que je maîtrise déjà mieux mon vagin et mes sensations.

01/03/2004 : Arrêt du port du stent

Petit à petit, j'ai porté le stent de moins en moins longtemps. Début mars, je ne le porte plus que très occasionnelement (2 nuits par mois environ).

01/03/2004 : Vélo

Début mars, j'utilise à nouveau mon vélo pour aller travailler (1 h par jour). Je ne ressens plus aucune douleur lorsque je suis sur mon vélo. Il y a encore 3 semaines, je ne pouvais pas faire de vélo de façon prolongé en raison d'une douleur aux grandes lèvres causée par la pression de la selle.