Note : Nous essayons autant que possible de parler non seulement au nom des personnes transgenre homme-vers-femme, dont nous faisons partie nous-mêmes, mais aussi au nom des transgenre femme-vers-homme. Or, pour l'instant, cette FAQ ne répond pas aux questions spécifiques des personnes transgenre femme-vers-homme (p.ex. concernant la thérapie hormonale à base de testostérone et leur chirurgie spécifique), car nous ne sommes pas assez qualifiées dans cette matière. Vous êtes invités à y contribuer afin que cela change.
Note ajoutée le 16 mai 2024 : Ce texte est très ancien (il date de nos tout débuts, le 23 mai 2002), et certaines de nos formulations de l'époque ont fini par prêter à confusion ou par être inappropriées vues d'aujourd'hui. Nous venons donc de les adapter. En attendant de moderniser entièrement cette page, et tout notre site, un de ces jours...
J'aime me travestir, suis-je homosexuel(le) ?
J'aime les personnes du sexe opposé. Je ne peux donc pas être transsexué(e), si ?
Suis-je travesti(e) ou transsexué(e) ?
Je me sens coupable d'avoir besoin de me travestir
C'est décidé, demain j'arrête de me travestir
Dois-je me faire 'guérir', voir un psychiatre, prendre des hormones ?
Je veux prendre des hormones en cachette
Que font les hormones ? Sont-elles une cure miracle ?
Pendant combien de temps dois-je prendre des hormones ?
Je veux 'devenir femme', comment faire ?
Je veux avoir des seins, comment faire ?
Je veux des seins tout de suite, comment faire ?
Je veux être sexy comme les 'shemales' que je vois sur Internet, comment faire ?
J'en ai marre de mon sexe, je veux changer de corps, je veux me faire opérer vite fait
Si je me fais opérer, c'est remboursé ?
J'ai peur de sortir de mon 'placard'
Dois-je continuer à me cacher ?
Je ne sais pas m'habiller/me maquiller, que vont dire les gens, vais-je 'passer' ?
J'ai peur de la police quand je sors en femme. Ce n'est pas interdit de se travestir ?
Va-t-on me huer ou tabasser dans la rue ?
Dois-je le dire aux autres (mon/ma partenaire, mes enfants, mes amis, mes parents, mon employeur) ? Si oui, comment ?
Vais-je perdre mon/ma partenaire, mes enfants, mes amis, mes parents, mon travail en me révélant ?
Comment changer de prénom ? Puis-je changer d'état civil ?
Suis-je obligé(e) de divorcer ?
Puis-je me marier en tant que femme ?
Je veux que mon enfant redevienne comme avant, comment faire ?
Comment puis-je aider mon enfant ?
Pas nécessairement, c'est même plutôt rare.
On peut se travestir par fétichisme (recherche d'une excitation sexuelle, en général causée par certains habits ou objets), et/ou pour exprimer une facette de sa personnalité, mais dans les deux cas, cela n'a rien à voir avec le fait de préférer sexuellement les hommes ou les femmes (ce qu'on appelle l'orientation sexuelle).
La plupart des travesti(e)s utilisent le travestisssement pour satisfaire leurs fantasmes (qui ne sont pas forcément sexuels, d'ailleurs), la plupart des personnes transsexuées (transsexuelles, comme on dit aussi faussement) utilisent le travestissement pour se sentir elles-mêmes, donc pour vivre leur véritable identité, ce qui dans les deux cas n'a rien à voir avec le fait d'être attiré(e) sexuellement par les hommes (ou les femmes). On peut parfaitement se sentir femme et sexuellement préférer les femmes, ou se sentir homme et sexuellement préférer les hommes. Toutes les combinaisons sont possibles, y compris les intermédiaires comme la bisexualité.
Il y a autant d'homosexuel(le)s, de bisexuel(le)s, et d'hétérosexuel(le)s chez les travesti(e)s et transsexué(e)s que partout ailleurs. Le malentendu qui fait souvent croire aux gens que toutes les personnes travesti(e)s et/ou transsexué(e)s sont homosexuelles, est le fait qu'il existe aussi les 'drag queens', qui sont des hommes clairement homosexuels aimant jouer à la femme de temps à autre en se travestissant. A la différence d'avec les travesti(e)s et les transsexué(e)s, ces personnes n'ont aucun doute sur leur identité bien masculine et utilisent le travestissement plutôt comme un déguisement. Ce n'est donc pas parce que les apparences se ressemblent que les personnes ont des identités et des orientations sexuelles comparables.
Si, vous pouvez !
Votre identification à un genre 'homme' ou 'femme' n'a rien à voir avec votre orientation sexuelle. Il y a des transsexué(e)s qui préfèrent les hommes, des transsexué(e)s qui préfèrent les femmes, ou d'autres qui sont attiré(e)s par les deux.
Il n'y a aucune honte à être sexuellement excité(e) en s'habillant, il n'y a pas de mal à se faire du bien. Cela peut être considéré comme anormal dans le sens où la majorité des gens (la soi-disant 'norme') ne le fait pas. Mais où est le problème à faire quelque chose d'original, qui sort de la norme, et à y prendre du plaisir ?
La 'normalité' est un affreux concept : quand une majorité de personnes agissent de la même manière, ou partagent une même idée, elles décrètent que cette façon d'agir ou de penser est la norme. Alors, les personnes qui agissent ou pensent différemment sont dites anormales et se sentent coupables à cause de cela. Il s'agit en fait d'une répression totalement injustifiable.
Si vous habiller vous fait du bien et/ou vous excite, c'est là seule chose qui compte. Vous ne faites de mal à personne en vous habillant. Au diable les normes et les conventions, soyez vous-même !
Pour ce qui est d'être TV (travesti(e)) ou TS (transsexué(e)) :
C'est une question complexe, mais, en somme, peu importante. Lisez le chapitre ' 'Suis-je travesti(e) ou transsexué(e) ?' ci-dessous.
Etre excité(e) en s'habillant ne signifie pas qu'on est purement TV et pas TS. Les transsexué(e)s ont une sexualité, comme tout le monde, et beaucoup de TS sont très excitées en s'habillant, surtout les premières fois.
La vraie question est en fait de savoir de quoi on a besoin pour être bien dans sa peau. Certaines personnes s'habillent juste par fantasme, d'autres le font (occasionnellement ou au quotidien) pour se sentir bien et trouver un équilibre entre leurs cotés féminin et masculin, d'autres enfin en viennent au traitement hormonal ou à la chirurgie, mais cela n'est pas un passage obligé quand on est TS : ce n'est pas le cheminement que l'on suit qui fait qu'on est travesti(e) ou transsexué(e), mais l'identité qu'on se sent.
Suis-je travesti(e) ou transsexué(e) ?
Les gens aiment bien s'attacher à des étiquettes car c'est rassurant. Il n'y a pas de mal à cela, mais gardons à l'esprit qu'il ne s'agit là que d'étiquettes, qui simplifient beaucoup trop la réalité de la vie. Considérez ces étiquettes comme une aide très approximative, et surtout pas comme une vérité absolue.
'Travesti(e)' et 'transsexué(e)' sont deux étiquettes qu'on peut définir ainsi :
Travesti(e) (TV): Personne qui vit en général bien dans son identité et dans le rôle social qui lui est associé, mais qui, occasionnellement, adopte les codes vestimentaires du sexe 'opposé', souvent par fantasme. Essentiellement, le travesti, de sexe mâle, aime jouer à la femme (et la travestie, de sexe femelle, à l'homme) et ne cherche pas a modifier son corps afin de le mettre en accord avec son esprit.
Transsexué(e), transsexuel(le) (TS): Personne qui a le sentiment profond d'appartenir à 'l'autre' sexe et d'être emprisonnée dans un corps qui n'est pas le sien. Les personnes transsexuées (le terme 'transsexuel(le)' est en fait erroné, voir notre glossaire) souffrent d'un écart entre leur corps et leur esprit (écart qu'on appelle la 'dysphorie du genre', de l'anglais 'gender dysphoria'). Pour elles, le travestissement n'est pas juste un jeu, mais un moyen de réduire cet écart. Le traitement hormonal et la chirurgie sont d'autres moyens plus radicaux, bien que non obligatoires pour être bien dans sa peau, de réduire cet écart. Essentiellement, la transsexuée, de sexe mâle, est bien une femme (dans un corps mâle, mais pas moins femme pour autant), et elle cherche à modifier son corps afin de le mettre en accord avec son esprit (l'analogue vaut pour le transsexué, de sexe femelle).
Cela dit, il existe une infinité de graduations et variantes entre ces deux 'cas types', et la frontière entre travesti(e)s et transsexué(e)s n'est pas franchement nette :
Beaucoup de personnes se sentent 'parfois comme ci parfois comme ça' et oscillent entre le côté travesti et le côté transsexué selon leur sentiment du jour et les événements. Beaucoup de personnes se croient aussi d'abord travesti(e)s pour découvrir tôt ou tard qu'en réalité elles sont transsexué(e)s (ce cas est très fréquent d'après nos expériences).
Les transsexué(e)s ont, comme tout le monde, une sexualité, et peuvent trouver une excitation sexuelle dans le travestissement (surtout au début, quand c'est tout nouveau). Ce qui ne change rien au fait qu'elles souffrent néanmoins de leur dysphorie du genre.
Beaucoup de transsexué(e)s mal dans leur peau se voilent la face pendant des années en se disant "puisque me travestir m'excite, c'est du pur travestisme, et je peux/dois m'arrêter". Mais tôt ou tard, ces personnes se rendent compte de leur véritable identité (ce qui peut d'ailleurs être très douloureux).
On ne se travestit jamais par hasard, juste par pure envie de jeu et de fantasme : l'excitation tirée du jeu du travestisme est aussi due, en partie, à la satisfaction d'exprimer une facette bien réelle de sa personnalité que l'on dissimule le reste du temps par respect des conventions sociales. Le mécanisme psychique derrière ce jeu peut ressembler beaucoup à ce que vivent les transsexué(e)s, même si on se sent bien dans son identité.
En conclusion :
Chercher à s'accrocher à une étiquette 'travesti(e)' ou 'transsexué(e)' ne mène à rien, et vouloir à tout prix rentrer dans un moule est même dangereux. Ces étiquettes ne sont que des béquilles, pas des paroles d'évangile, et en fin de compte, c'est votre vie qui compte, pas l'étiquette que vous vous collez (ou qu'on essaie de vous coller).
Rien n'est interdit, rien n'est obligatoire, mais tout est permis, depuis le travesti 'fétichiste', qui s'habille 'sexy' une fois tous les quelques mois par pur fantasme, jusqu'à la transsexuée sous traitement hormonal, opérée et mariée. Vous pouvez vivre dans le rôle de 'l'autre sexe' à temps partiel ou à temps plein, vous pouvez le faire avec ou sans hormones, et la chirurgie ou le changement de votre état civil ne sont pas des étapes obligatoires pour être bien dans votre peau.
Il faut trouver votre propre voie, pas celle dictée par un psychiatre, un chirurgien, un juriste, ni même par d'autres travesti(e)s ou d'autres transsexué(e)s. Trouver son équilibre est une démarche personnelle et personne ne pourra la faire à votre place.
Non ! On est comme on est, c'est tout, et il n'y a rien de malade ou de pervers à appartenir à une minorité. Il n'y a rien à soigner.
Malgré ce que peuvent prétendre à ce sujet certains experts autoproclamés, la transidentité n'est pas une maladie, ni mentale ni autre.
On ne peut pas la soigner dans sa tête pour devenir 'normal(e)'.
Elle n'empêche pas, si on l'assume, de tenir des raisonnements cohérents, de mener une vie parfaitement équilibrée, et de trouver le bonheur.
Les transsexué(e)s sont une minorité, au même titre que p.ex. les gauchers. Et comme tout ce qui est minoritaire, elle remet en cause une norme établie, fait peur et est perçue comme quelque chose de négatif qu'il faut éliminer (soigner).
Evidemment, certains aspects de la transidentité ne sont souvent pas amusants à vivre :
Le rejet de son corps peut être bien réel et cela peut, dans certains cas, se résoudre partiellement par un traitement hormonal ou la chirurgie. Il s'agit bien de soins, mais purement médicaux/cosmétiques, en aucun cas psychiatriques.
Souvent, les normes établies, les préjugés, la honte et la culpabilité qu'elles entraînent, provoquent chez les personnes transsexuées des problèmes d'ordre psychologique. Il faut soigner ces problèmes, s'ils existent, en se faisant aider au besoin par des professionnels (psychiatres), et surtout en prenant sa vie en main, en sortant du 'placard' pour s'assumer complètement. On ne soigne pas la transidentité, mais on peut soigner ses conséquences, dans les cas où elles existent.
Et pour ce qui est de la perversion :
Est habituellement appelée perverse toute personne qui adopte une pratique sexuelle peu commune ou considérée 'contre nature'. Une fois de plus, ce qui est peu commun fait peur et est moralement condamné par la société humaine. Or, nous pensons qu'en matière sexuelle, il n'existe pas de bien ni de mal, et aucune valorisation 'contre nature' (nous faisons tous et toutes partie de la nature après tout, pour le meilleur et pour le pire), mais simplement des façons de vivre différentes qui ont toutes leurs raisons d'être. La notion de 'perversion', dans sa signification morale, est donc en fait totalement absurde. D'ailleurs, en psychanalyse, on utilise ce terme dans son sens latin originel : 'perversion' signifie 'détournement' ou 'déviation', sans valeur morale positive ni négative (le terme 'paraphilie', bien plus précis et moins péjoratif, a d'ailleurs remplacé celui de 'perversion' dans les sciences psy). Bien entendu, cela ne signifie pas que tout acte sexuel est automatiquement moralement acceptable et justifiable, même s'il ne respecte pas les droits d'autres personnes, mais il s'agit là d'un débat qui n'a rien à voir avec notre sujet : nous essayons ici de vous aider à comprendre la transidentité, pas de construire une philosophie libertine.
Les transsexué(e)s, bien qu'ayant évidemment une vie sexuelle, se travestissent essentiellement pour vivre en harmonie au quotidien avec eux/elles-mêmes. Il ne s'agit pas d'une pratique sexuelle, et donc encore moins d'une perversion. Et même si vous êtes travesti(e) fétichiste et que vous vous travestissez au but exclusif d'excitation ou de satisfaction sexuelle, vous n'êtes pas plus 'pervers(e)' que n'importe qui d'autre : c'est tout simplement votre façon personnelle de vivre, et personne n'a de leçons à vous donner là-dessus.
Etre transsexué(e) ou simplement se travestir, si on le vit bien, n'est ni un choix, ni une maladie, ni une perversion, ni quelque chose de condamnable. C'est un état de fait, qui, bien que minoritaire dans la société humaine, a tout à fait le droit d'exister, et ne nuit à personne.
Les vrais malades, qu'il faudrait soigner, ce sont ceux qui refusent aux transsexué(e)s et travesti(e)s le droit d'exister, de s'exprimer et d'être eux/elles-mêmes. Ce n'est pas l'existence de minorités qui détruit la société, mais l'intolérance envers elles.
C'est (malheureusement) normal, c'est classique, et ça passera, en comprenant que le travestissement n'a absolument rien de condamnable. S'habiller ou s'identifier à 'l'autre sexe' ne regarde que vous, et ne porte préjudice à personne. Vous n'êtes coupable de rien.
La culpabilité est un sentiment autodestructeur que beaucoup de transsexué(e)s ou travesti(e)s affrontent à un moment de leur vie. Elle ne mène à rien, et un bon moyen de l'éradiquer est de comprendre son origine :
Tous les parents 'normalement constitués' apprennent à leurs enfants un ensemble de valeurs morales que ces derniers acceptent aveuglément sans les remettre en question. Ces valeurs sont enrichissantes, dans le sens où elles donnent des points de repères et forgent la personnalité, qu'on les accepte ou qu'on les rejette (comme c'est fréquent à l'adolescence p. ex.). Certaines de ces valeurs sont nécessaires à une vie aussi harmonieuse que possible en communauté : "il ne faut pas tuer", "il ne faut pas voler", etc. La plupart de ces préceptes moraux sont très difficiles à remettre en cause, une fois ancrés dans la conscience de l'individu.
Le sentiment de culpabilité surgit quand on agit en contradiction à une règle morale que l'on a intégrée. Par exemple, si je tue quelqu'un, je serai certainement rongée par un sentiment de culpabilité, car il est gravé quelque part dans ma conscience, depuis ma plus tendre enfance, que tuer est mal. Le sentiment de culpabilité est d'ailleurs un conflit purement intérieur qui n'a rien à voir avec la peur des autres : même si mon crime est parfait, et que personne ne me démasquera jamais, je me sentirai coupable.
Malheureusement, la société humaine nous apprend d'habitude aussi des valeurs morales absurdes, comme celles qui disent comment l'on 'doit' se comporter, ou s'habiller, en fonction de son sexe. Bien que cela soit sans fondement ni utilité pour la communauté et les individus, il n'est p. ex. pas communément admis qu'un homme se maquille ou porte des vêtements considérés comme 'typiquement féminins'. Beaucoup de personnes vivent depuis l'enfance avec de tels préjugés, sans jamais les remettre en question, et les transmettent ensuite tels quels à leurs enfants.
Pour la plupart des personnes, ces préjugés sont sans grande conséquence : p.ex. un homme qui ne ressent ni l'envie ni le besoin de se balader en jupe se fiche éperdument de remettre en question le précepte qui dit que 'les hommes ne doivent pas porter de jupe'. Mais pour les travesti(e)s ou les transsexué(e)es, cela produit un problème réel, car il y a un conflit entre :
d'une part, un besoin viscéral de s'identifier à 'l'autre sexe', d'adopter p.ex. ses codes vestimentaires, pour se sentir soi-même (rien ne sert de lutter contre ce besoin, de se dire "j'arrête")
d'autre part, un sentiment de culpabilité qui naît aussitôt de cette transgression morale (vous vous dites "je fais quelque chose de mal" parce qu'on vous a appris que "c'est mal", sans justification)
Ce sentiment de culpabilité peut disparaître uniquement si vous comprenez pourquoi il est là, et pourquoi il n'a pas lieu d'être. Arriver à comprendre que vous ne faites de mal à personne et que vous n'êtes donc coupable de rien, c'est le seul moyen de supprimer ce conflit interne.
On peut arrêter de se travestir ... pendant 2 jours, 2 semaines, peut-être 2 mois ou 2 ans. Mais espérer s'arrêter pour la vie est une illusion et une erreur.
Illusion, car le travestissement, quelle que soit sa motivation, est manifestement un besoin qui fait partie de vous. Lutter contre ce besoin serait lutter contre vous-même, et ce serait une tentative vouée à l'échec autant que destructrice pour votre psychisme.
Erreur, car si actuellement vous vous sentez coupable de vous travestir, vous risquez, si vous vous forcez à arrêter de vous travestir, de créer en vous un sentiment de culpabilité encore plus destructeur : vous vous reprocherez bientôt de ne pas vivre votre vraie vie. Rien n'est plus dévastateur pour votre psychisme, à témoins beaucoup de personnes transsexuées qui se sont reniées durant toute leur vie, au point d'en arriver au bord du suicide, avant d'enfin s'assumer pour de bon.
Il n'y a rien de mal ni de honteux dans le travestissement, il est tout simplement une forme d'expression de votre personnalité : la meilleure chose à faire est de l'accepter et de ne pas aller à contre-courant. C'est l'attitude la plus honnête envers vous même, et la seule qui ne soit pas vouée à l'échec, tôt ou tard. Lisez aussi le chapitre 'Je me sens coupable d'être comme ça' ci -dessus.
Vous n'êtes pas malade, il n'y a pas lieu de vous guérir. Bien que figurant sur une liste 'officielle' des maladies mentales (tout comme l'homosexualité jusqu'il n'y a pas si longtemps), le transgénérisme (appelé à tort transsexualité ou transsexualisme) n'est pas une maladie, ni mentale ni autre, mais un phénomène qui existe naturellement depuis la nuit des temps. Il faut arriver à l'accepter et à vivre avec, car on est transgenre à vie.
Pourquoi pas, à condition de savoir pourquoi vous y allez :
Pour ne plus être transgenre ? Ne plus ressentir le besoin de s'habiller ? Sans doute pas. Si vous avez essayé en vain d'arrêter de vous habiller, si vous avez fait au moins une fois l'expérience de sortir ainsi, et si après cela, l'envie de recommencer est toujours là, c'est que ce qui vous motive est quelque chose de très profond qui fait partie de votre personnalité (et non pas une névrose ou psychose qu'on pourrait soigner). D'ailleurs, un psychiatre consciencieux ne considérera pas les personnes transgenre comme des malades qu'il doit guérir.
Pour m'aider à me sentir moins coupable ? A
m'accepter ? A mieux me connaître pour savoir quel
compromis est bon pour moi ? C'est une raison valable. Il
y a des personnes qui arrivent à faire cela toutes
seules, mais parfois, une aide professionnelle est utile.
N'oubliez néanmoins pas que :
- Le psychiatre ne fera que vous aider, le vrai travail
de remise en question, c'est à vous de le
fournir.
- Un suivi psychiatrique ne servira a rien si en dehors
de cela, vous continuez à vous cacher. Pour se
connaître et s'accepter, il faut sortir du placard,
vivre sa vraie personnalité dans la
société, sans quoi, on tourne en rond et on
se fait du mal. Si la réflexion sur
vous-même (avec ou sans aide professionnelle) est
le moteur de l'acceptation de vous-même, vos
expériences vécues au grand jour en sont le
combustible.
- Les médecins ne sont pas les seules personnes
capables de vous aider à passer cette
première étape difficile, et d'autres
personnes peuvent vous apporter un soutien
précieux : groupes de support, ami(e)s qui ont
vécu la même chose, souvent les ami(e)s non
concerné(e)s et la famille aussi. Il est
même très important de chercher le contact
de vos proches, car leur soutien peut
énormément faciliter votre vie (tout comme
leur hostilité peut d'ailleurs peser très
lourd, mais dans ce cas d'autres personnes pourront vous
aider). Ne négligez pas ces opportunités.
Non ! En tout cas pas sans mûre réflexion et sans suivi médical.
D'abord, les hormones ne guérissent rien, ni votre souffrance intérieure, ni le comportement de la société envers vous. Elles peuvent modifier (en partie) votre apparence physique, mais ce n'est pas cela qui fera de vous une femme, ou qui vous aidera forcément à vous sentir mieux dans votre peau. Les hormones ne corrigeront pas tout votre corps. Et un 'nouveau' corps ne résoudra pas tous vos problèmes. Il faut 'être femme' avant tout traitement médical (d'ailleurs, si vous ne vous sentiez pas femme dans un corps d'homme, vous ne seriez pas transgenre, non ?), on ne 'devient' pas femme, surtout pas par la prise d'hormones ! (Et bien sûr, la même chose vaut pour les personnes transgenre femme-vers-homme)
Ensuite, les hormones transformeront très fortement votre vie personnelle et sociale (bien plus que la chirurgie, qui est largement surestimée à cet égard, à notre avis) : il est impossible de suivre un traitement hormonal sans montrer tôt ou tard votre vraie personnalité au grand jour, c'est-à-dire que ce traitement vous forcera bientôt à entreprendre votre transition personnelle et sociale vers votre nouvelle vie. Bref, traitement hormonal égale vie publique dans votre véritable identité (donc en femme ou en homme, selon votre cas), une fois pour toutes. C'est donc une décision lourde de conséquences, à laquelle il faut bien réfléchir.
Et puis surtout, les hormones ne sont pas des jouets, mais des médicaments à prendre au sérieux : leurs effets principaux sont irréversibles, leurs effets secondaires (autant physiques que psychiques) ne sont pas négligeables, et elles comportent des risques réels pour votre santé, si vous les prenez sans suivi médical. C'est donc tout sauf une bonne idée de vous lancer dans la prise d'hormones sur un coup de tête. Nous savons qu'il n'est pas difficile de se procurer des hormones autrement que sur prescription médicale, mais nous vous déconseillons formellement cette voie : vous y risquez votre santé, et même votre vie. Notre maître-mot est : La santé d'abord !
De toutes façons, il n'y a pas d'urgence : commencez par sortir de votre 'placard', acceptez-vous, sentez-vous moins coupable, amusez-vous dans votre nouvelle peau, informez vos proches (ils apprendront tout de toute façon, ils ne sont ni sourds ni aveugles), puis réfléchissez seulement aux hormones quand tous ces points seront réglés et que vous vous sentirez à peu près stabilisé(e). Ensuite consultez un médecin capable d'assurer votre suivi médical régulier, et faites-vous prescrire les hormones adaptées à votre cas.
Chez un médecin, et non pas au marché noir, de préférence !
Pourquoi ? Lisez ce qui suit :
A moins d'avoir une relation de confiance exceptionnelle avec votre médecin traitant, et de savoir avec précision ce que vous faites (connaissance approfondie de l'endocrinologie et recul suffisant à vous assurer que vous faites le bon choix), vous pouvez oublier cette solution.
Aucun médecin généraliste consciencieux ne vous préscrira des hormones sur simple demande, car la thérapie hormonale pour les transgenre sort de son domaine de compétence, et il ne prendra donc pas le risque de vous accompagner dans une décision irréversible sans la bénédiction d'un spécialiste censé être compétent.
Si malgré tout, vous dénichez un généraliste peu scrupuleux prêt à vous prescrire tout et n'importe quoi en échange du prix de la consultation, méfiez-vous : prendre des hormones est une chose, déjà suffisamment risquée en soi, mais en assurer le suivi médical nécessite quelqu'un de sérieux qui sait ce qu'il fait.
Dernier point, si vous optez malgré tout pour cette solution : n'essayez pas de vous faire rembourser vos hormones, si vous ne voulez pas que votre médecin généraliste subisse des interrogatoires pénibles de la part du médecin-conseil de la Sécurité Sociale, et si vous voulez éviter les questions intimes en provenance de votre mutuelle. De toutes façons, le traitement hormonal ne revient pas forcément cher, on peut même s'en sortir à des tarifs presque négligeables (nous fonctionnons nous-mêmes avec des budgets aux alentours de 15 à 20 euros par mois : une sortie au restaurant revient plus cher que ça).
On les appelle 'endocrinologues' (spécialistes des mécanismes endocriniens, donc des hormones).
Un endocrinologue acceptera de vous prescrire des hormones à condition que vous soyez d'abord passé(e) par la case 'psychiatre', qui lui attestera que vous en avez réellement besoin (car vous êtes 'vraiment' transgenre) et lui évitera d'éventuels problèmes avec la justice. Hélas, très peu d'endocrinologues ont une réelle expérience dans le traitement des personnes transgenre, et souvent ils essaient de leur imposer un régime médicamenteux inadapté qu'ils ont trouvé dans les 'recherches' publiées par quelque confrère considéré comme une autorité en la matière. L'ennui étant que plusieurs de ces 'papes' du traitement hormonal des transgenre persistent depuis des décennies dans leurs erreurs manifestes et ne sont reconnus comme autorités que parce que leurs confrères sont trop commodes pour entreprendre leurs propres recherches.
Votre médecin n'est pas dans votre corps, et même s'il connaît son métier, il ne saura pas forcément toujours quels médicaments sont les mieux adaptés à votre cas, surtout dans une matière aussi complexe que les traitements hormonaux. Vous avez donc tout intérêt à observer attentivement votre corps et à signaler à votre médecin tout ce qui ne va pas : réactions adverses à un médicament , doses inadaptées, effets secondaires etc. Sachez qu'il n'existe aucun traitement médicamenteux 'standard' ou 'type' pour les personnes transgenre, et que dans chacune des grandes familles de médicaments dont nous avons besoin, il existe plusieurs substances équivalentes entre elles qui ont chacune ses avantages et inconvénients : il n'existe par conséquent pas de vérité absolue dans ce domaine. Un médecin intelligent vous écoutera, discutera avec vous et adaptera votre traitement à vos besoins. Si vous avez l'impression de ne pas être écouté(e), changez de médecin : ses avis ne sont pas parole d'évangile, et ce qui compte à la fin est votre santé, pas ses opinions, aussi professionnel soit-il.
Si malgré tous ces avertissements, vous vous risquez à prendre des hormones procurées par d'autres moyens (médecin complaisant, marché noir ou fausses ordonnances, p.ex.), vous pouvez néanmoins toujours consulter un endocrinologue afin d'obtenir un avis professionnel et un minimum de suivi. En en essayant deux ou trois, vous en trouverez probablement un qui acceptera de vous suivre, et c'est une sécurité qui peut vous éviter de graves déboires de santé. Ceci étant dit, nous vous déconseillons cette voie 'inofficielle'.
Les possibilités sont nombreuses, mais attention :
Avec un peu d'astuce, on peut se procurer tout ce que l'on veut, y compris des produits très puissants et très dangereux. Vous avez intérêt à savoir exactement ce que vous faites car les hormones et leurs effets sont un terrain miné dans lequel même les spécialistes ont beaucoup de mal à se retrouver. N'hésitez pas à demander l'avis d'un professionnel (endocrinologue p.ex.) sur votre traitement 'maison'. Il vaut mieux écouter quelques reproches tout en étant pris(e) en charge plutôt que vous ruiner la santé pour de bon.
En plus du risque de payer X fois le prix normal pour ce que vous vous procurez, vous courez surtout le risque d'acheter des médicaments trafiqués, ou bricolés dans une arrière-cour, qui ne contiennent souvent pas ce qui est indiqué et pourront vous attirer de gros ennuis de santé imprévisibles. Vérifiez toujours la provenance de ce que vous achetez et le sérieux de ceux à qui vous achetez vos hormones (de l'intermédiaire autant que du fabricant). Il est possible de trouver des produits sérieux sur le marché noir, mais pourquoi perdre du temps et de l'argent à les rechercher, tout en courant des risques, quand on peut obtenir les mêmes produits de manière légale, à une fraction du prix 'au noir', et avec une garantie de qualité ? Nous savons que beaucoup de personnes transgenre agissent ainsi par peur et sentiment de culpabilité, mais nous estimons qu'elles courent des risques inutiles tout en engraissant une mafia qui n'a rien à envier aux trafiquants de drogue intercontinentaux. Ne jouez pas à la roulette russe avec votre santé !
N'oubliez pas non plus qu'en France, lorsque vous faites votre chemin transgenre tout(e) seul(e), sans l'aide de médecins, on pourra facilement vous refuser tout changement de papiers d'identité. Le parcours 'officiel' selon les règles (tout à fait arbitraires, car il n'existe en France aucune législation sur la transidentité) établies par le pouvoir médical et politique français (les SoC variante française) 'exigent' en principe deux ans de suivi psychiatrique et un traitement hormonal suivi par un endocrinologue, si vous comptez demander un changement de prénom ou d'état civil. La même chose vaut à plus forte raison pour la chirurgie génitale (qui est d'ailleurs la condition préalable, mais hélas pas suffisante, à tout changement d'état civil en France). Donc, si vous vous traitez vous-même 'en free-lance', sans vous faire suivre ni par un psychiatre ni par un endocrinologue, vous risquez d'avoir beaucoup de mal à obtenir un quelconque changement de papiers de la part des autorités françaises. A vous de voir si vous tenez à ces papiers ou non (on peut vivre sans eux, mais beaucoup de gens y tiennent), vous êtes en tout cas prévenu(e).
(Pour les transgenre femme-vers-homme, le produit principal est la testostérone. Comme nous n'avons pas assez de connaissances à ce sujet, nous la laissons de côté pour l'instant, en attendant que quelqu'un de compétent veuille nous aider à ce sujet.)
- Les estrogènes : Ce sont les hormones femelles, et ce sont surtout eux qui transforment votre corps et votre psychisme. Le principal estrogène est l'estradiol (substance identique à celle que le corps de la femme cisgenre produit naturellement). Le produit le plus sûr du point de vue sanitaire est l'estradiol sous forme de gel transdermal (absorbé à travers la peau), suivi par l'estradiol injectable. Les estrogènes sous forme orale (pilules ou cachets) sont, si possible, à éviter (charge lourde du foie et risques accrus de thrombose veineuse), et le produit à éviter absolument est l'ethinylestradiol (estrogène synthétique très risqué pour la santé, mais malheureusement souvent prescrit par des médecins qui ignorent ses risques).
- Les anti-androgènes : Ils agissent contre les hormones mâles (les androgènes) produites naturellement par votre corps mâle. On en trouve des 'légers' et relativement sûrs d'emploi, comme la finasteride (Proscar®, Propecia®, Fincar®, Finast®) qui atténue les effets de la testostérone. On en trouve aussi des 'costauds' et hautement dangereux pour la santé comme l'acétate de cyprotérone (Androcur®) qui supprime la production de testostérone. Il n'existe hélas pas d'anti-androgène à la fois très efficace et sans danger. Cela dit, un traitement de cheval dans le genre de ce que produit l'Androcur® est rarement indispensable : d'une part, les estrogènes ont eux-mêmes un effet anti-androgéne très efficace, bien que moins rapide, et d'autre part, supprimer entièrement tous les androgènes de votre corps (la trop fameuse 'castration chimique') ne garantit pas du tout une féminisation plus rapide ou plus complète, plutôt au contraire. Par contre, elle garantit des dysfonctionnements du métabolisme et des dépressions assez sérieuses.
- La progestérone : Une autre hormone femelle, également naturellement produite par le corps de la femme cisgenre, et indispensable à un traitement hormonal homme-vers-femme réussi. C'est une bonne idée d'en prendre une fois votre traitement à base d'estrogènes bien stabilisé. Elle rétablit votre libido (qui a tendance à disparaître à cause des anti-androgènes; la progestérone génère d'ailleurs une libido nettement différente de celle générée par la testostérone, on parle souvent d'une libido 'féminine'), agit positivement sur votre moral (idem; la progestérone a un fort effet antidépresseur), et elle complète les effets 'féminisants' des estrogènes (répartition des graisses, adoucissement de la peau, poitrine moins tubulaire). Elle ralentit la croissance des seins (elle a un effet anti-androgénique, mais aussi anti-estrogénique), mais leur donne une forme plus naturelle. Exigez de la progestérone identique à la substance naturelle, et non pas des progestines (imitations synthétiques de la progestérone qui produisent des effets secondaires masculinisants ainsi que des dépressions).
- Ne pas commencer le traitement hormonal si vous n'êtes pas blindé(e) psychologiquement (situation familiale ou professionnelle difficile, dépression, etc). La thérapie hormonale est souvent très éprouvante pour le psychisme, surtout au début (compter une bonne année de yo-yo entre euphorie et grosse déprime).
- Ne jamais commencer le traitement hormonal avant d'être sûr(e) à 100 % d'avoir fait le bon choix.
- Un traitement hormonal commencé ne s'interrompt pas, sous peine de détruire irrémédiablement votre santé (d'où l'importance de savoir ce que l'on fait). Vous prendrez des hormones à vie, ne l'oubliez pas !
- Ne jamais prendre d'anti-androgène seul sans estrogène (risques de dépressions, d'ostéoporose, de dégénérescence cérébrale, et autres problèmes de santé graves, car le corps a besoin d'hormones).
- Laisser aux hormones le temps d'agir : les effets d'une modification dans le traitement sont très lentes. Attendre au moins 1 à 2 mois avant de commencer à tirer des conclusions et à adapter votre traitement. Ne pas hésiter à dire à votre médecin ce que vous vivez et sentez : il n'est pas dans votre corps, et il a besoin de renseignements pour vous traiter au mieux.
- Limiter autant que possible (ou les éliminer) l'alcool, le tabac, le café, le thé, toutes les drogues, les repas lourds et tout ce qui peut donner du fil à retordre à votre foie qui aura déjà beaucoup à faire à métaboliser les médicaments que vous lui faites digérer. Une excellente hygiène de vie (un sommeil suffisant aussi) est primordiale quand vous suivez un traitement hormonal. Une fois de plus : vous prendrez des hormones à vie, votre vie changera donc à tout jamais en commençant votre traitement hormonal !
Surtout pas !
Au bout de quelques mois (ou semaines, selon les produits et les personnes), vous constaterez des effets visibles dus aux hormones (p.ex. croissance de votre poitrine), et votre entourage les constatera aussi : c'est raté pour le jeu de cache-cache, et il y a de fortes chances que votre entourage se sentira trompé par vous, ce qui ne facilitera pas votre vie familiale et sociale. Concernant les risques que vous faites courir à votre santé si vous prenez des hormones en cachette, voir ce que nous disons ci-dessus.
Non !
Ce n'est pas comme ça que ça fonctionne : les hormones agissent de façon systémique, c'est-à-dire sur votre corps tout entier, pas seulement à un endroit bien précis. Leurs effets locaux sont très limités, elles sont efficaces partout ou nulle part.
Un faible dosage fera que les transformations que vous subirez seront peut-être un peu plus lentes, mais à terme, elles seront tout aussi importantes. Un dosage plus fort accélérera le processus, mais uniquement jusqu'à un certain point. Un dosage trop fort, au mieux, précipitera les transformations, qui seront bâclées, et au pire, sera contre-productif en freinant votre évolution, avec en prime de gros risques pour votre santé.
Non !
Les hormones peuvent vous aider à atténuer un problème : le rejet de votre corps.
Mais :
On peut changer beaucoup de choses sans hormones. Vous pouvez laisser pousser vos cheveux, vous épiler, vous maquiller et vous habiller, p.ex. (ou l'inverse si vous êtes transgenre femme-vers-homme et que vous voulez vous masculiniser).
Certains traits physiques ne disparaîtront pas malgré les hormones (le squelette p.ex., la voix si elle a mué, votre identité génétique, etc.), le résultat ne sera jamais 'parfait'. Une de nos amies, transsexuée opérée et à l'état civil changé, donc socialement entièrement femme, et parfaitement intégrée à la société, nous a dit un jour : 'Quand je serai morte, il y aura tout de même un squelette mâle dans mon cercueil'. Restez réaliste et clairvoyant(e).
Bien qu'elles y aident, ce ne sont pas les hormones qui feront que vous accepterez votre corps : c'est un travail psychologique sur vous-même qu'il faudra faire de toute façon. P.ex., beaucoup de femmes au corps de rêve se trouvent laides : l'acceptation de votre corps dépend très peu de votre corps, en fin de compte.
Sortir, rencontrer du monde, jouir de votre nouvelle apparence, et exprimer sans honte ce que vous avez au fond de vous sont une cure miracle souvent bien plus efficace que les hormones. Commencez donc par ça, et voyez après pour les hormones.
A vie.
Les hormones ont des effets irréversibles sur votre corps et dérèglent votre production naturelle d'hormones à tout jamais. On ne fait donc pas marche arrière : une fois commencé, un traitement hormonal rendra votre corps tributaire à vie d'un apport extérieur d'hormones. En arrêtant ce traitement, vous courrez de gros risques de santé (p.ex. ostéoporose, problèmes cardiaques, dégénérescence cérébrale), et en prime, certaines transformations que votre corps aura subies feront partiellement machine arrière en s'arrêtant à mi-chemin.
Réfléchissez bien avant de commencer un traitement hormonal. C'est une décision sans retour.
A moins de croire à la réincarnation et de patienter jusqu'à une prochaine vie, on ne 'devient' pas femme.
On est transsexué(e) à vie, et il faut apprendre à l'accepter et à vivre avec ce fait :
La chirurgie et (surtout) les hormones peuvent changer beaucoup de choses à votre physique. Mais il y a des choses qui ne changeront pas : vous garderez votre squelette, vos gènes et un tas d'autres choses qui font qu'avoir le 'corps parfait' sera toujours une utopie.
Les hormones et la chirurgie ne sont pas la solution miracle qui transforme quelqu'un de mal dans sa peau à cause de sa transidentité en une personne épanouie et bien dans son nouveau corps. Elles peuvent atténuer une souffrance causée en partie par des détails physiques inacceptables (et variables selon les individus), mais elles ne feront pas votre travail d'acceptation de vous-même, et de votre corps, à votre place. En bref, les transformations physiques aident à se sentir mieux, dans certains cas, en corrigeant ce qui ne va vraiment pas, mais elles ne feront jamais de vous une femme, ni socialement, ni dans votre tête. Etre bien dans vos pompes, c'est votre job, pas celui des médecins ou du législateur !
Enfin, on ne 'devient' pas femme tout simplement parce que 'être femme' tout comme 'être homme' ne veut absolument rien dire. Ce ne sont que deux stéréotypes sociaux qui dictent comment on devrait s'habiller, se comporter, penser, mener sa vie, selon que l'on naît avec un pénis ou bien un vagin (avec un pénis, on peut diriger une entreprise, tandis qu'avec un vagin on reste à la maison pour élever les enfants et faire le ménage et la popote, vous connaissez ces idées reçues). On a le corps qu'on a, on peut changer certaines choses, mais là n'est pas le plus important. L'important, c'est de comprendre qu'il n'y a pas d'un coté les hommes et de l'autre côté les femmes, mais qu'il y a partout des individus, tous uniques, avec une personnalité qui ne se résume pas à une étiquette sexuée.
Etre transgenre est souvent une souffrance, certes, mais c'est aussi un don et une opportunité de comprendre que rien ne nous oblige à nous comporter en fonction de l'un ou de l'autre sexe. Rejeter ce don et vouloir à tout prix rentrer dans un moule 'homme' ou 'femme' est à la fois dommage et très dangereux. Le risque est de ne jamais être vraiment vous-même et d'en souffrir toute votre vie.
Si nous étions cyniques, nous dirions : 'Prenez des hormones, vous aurez des (petits) seins au bout de quelques mois ou d'un an.' Mais comme nous sommes réalistes, nous disons : 'Achetez une bonne paire de prothèses mammaires.'
On ne prend pas des hormones 'pour avoir des seins'.
On en prend parce qu'on a arrêté de se cacher, que l'on assume sa féminité, qu'on la vit au quotidien, et que l'on a acquis au fil des mois vécus 'en femme' la certitude que certains traits physiques sont intolérables et ne peuvent être modifiés qu'à l'aide d'hormones.
Prendre des hormones est un choix très grave qui vous engage à vie et qui doit être parfaitement réfléchi. Se lancer dans cette voie tête baissée est une pure folie, surtout s'il ne s'agit que de satisfaire vos fantasmes, du genre 'je veux avoir des seins'.
Une solution plus saine et surtout réversible consiste à porter des prothèses amovibles, parfaitement crédibles au toucher et en mouvement sous des vêtements. On en trouve dans certaines boutiques de lingerie, certains magasins médicaux (prothèses destinées au remplacement après un cancer du sein), ou bien par correspondance sur catalogue, pour moins de 30 euros pour des modèles petits et bas de gamme, et environ 180 à 230 euros pour des prothèses de qualité médicale, très réalistes. Evitez d'acheter des prothèses chères par correspondance (notamment sur Internet) : il faut impérativement pouvoir les voir et toucher, et un magasin spécialisé sérieux vos commandera la taille adaptée à votre thorax. Les prothèses qu'on trouve sur Internet sont d'ailleurs en général vendues nettement trop cher.
Voir ci-dessus.
Ce à quoi nous ajouterons qu'une belle poitrine ne se fait pas du jour au lendemain, ni dans les 3 mois. Comptez plutôt 2 à 3 ans. Chez les femmes cisgenre (les 'vraies' femmes), l'évolution physique due aux hormones prend entre 5 et 7 ans à se compléter, chez les femmes transgenre c'est pareil.
Alors prenez-vous en photo et retouchez la photo jusqu'à obtention du résultat voulu ....
Ce que nous voulons dire par là est ceci : ces créatures transsexuées ultra-bien foutues et séduisantes à souhait que vous admirez sur Internet ne sont justement que ça, des créatures, au sens propre du terme : elles sont créées de toutes pièces, siliconées de partout, épilées et maquillées de la tête aux pieds, retouchées autant que possible, dans le seul but d'exciter le spectateur. Si une vie d'héroïne de bande dessinée trash est votre idéal, n'hésitez pas : émigrez aux Etats-Unis, prostituez-vous dans les bas-fonds de Los Angeles ou New York pour gagner l'argent nécessaire à toutes ces opérations de chirurgie esthétique et aux traitements hormonaux 'coup de massue', usez et abusez de la promotion-canapé dans les anti-chambres des producteurs de films X de 36e zone sur Hollywood Boulevard, et vous vivrez bientôt la même vie de rêve, ou plutôt de cauchemar, que ces filles-là .... Mais n'ayez pas la mauvaise idée de subir une opération génitale, car vous pourrez alors prendre votre retraite forcée du business : ce qui intéresse les spectateurs de ces créatures transsexuées est justement leur sexe mâle sur un corps exagérément femelle, car ça leur permet d'assouvir leurs pulsions homosexuelles inavouées tout en pouvant s'autosuggérer qu'ils ne sont pas 'pédés'. Désolées d'être aussi directes, mais ce sont des faits que la plupart des transgenre sauront vous confirmer (allez vous promener sur un chat ou un serveur minitel en annonçant que vous êtes transgenre, vous comprendrez très vite de quoi nous parlons).
Ces filles 'de rêve' sont en fait très souvent exploitées par des hommes d'affaires peu scrupuleux, et elles n'ont en général pas d'autre choix pour gagner leur vie, merci à une société bigote et répressive. Vous êtes en droit de les trouver excitantes, mais nous vous conseillons de vivre votre propre vie plutôt que de courir après une image totalement artificielle, si vous comptez vivre vieille.
Surtout pas de précipitation !
La plupart des transsexué(e)s connaissent bien ce sentiment de dégoût de leur corps, et en particulier de leurs organes génitaux, suite à l'impression (permanente ou non) d'être emprisonné(e)s dans un corps qui n'est pas le leur. Ce sentiment doit être pris au sérieux, car c'est lui qui est la cause de votre dysphorie du genre (l'écart que vous ressentez entre votre corps et votre psychisme). Or, cela ne veut pas dire qu'en changeant tout ce qui pourrait être changé à votre corps, et le plus vite possible, vous seriez d'un seul coup parfaitement heureux/se et que tous vos problèmes seraient résolus :
D'abord, que vous le vouliez ou non, vous ne pourrez jamais 'changer de corps' : vos gènes, votre squelette et certaines autres choses ne changeront plus jamais, elles sont ce qu'elles sont à vie. N'attendez donc pas de miracles de la chirurgie.
Ensuite, les changements que vous ferez subir à votre corps ne changeront pas forcément votre psychisme pour autant : vous sentez que vous n'appartenez pas au sexe auquel appartient votre corps, mais pour vivre en harmonie avec votre corps, même après lui avoir fait subir des changements, vous avez surtout besoin d'apprendre à l'aimer, ce corps. Il y a un réel travail psychologique à entreprendre afin d'être bien dans votre peau, peu importe si votre corps subit ou non des modifications. La chirurgie n'est donc qu'une (petite) partie de l'équation.
Enfin, aucun chirurgien n'acceptera de vous opérer sans l'attestation que vous êtes bel et bien transsexué(e) et que vous avez besoin de la chirurgie pour pallier vos souffrances, attestation délivrée uniquement par des psychiatres qualifiés en matière de transgénérisme/transsexuation, et ceci généralement après deux ans de thérapie suivie chez eux. Cette attestation est censée servir de sécurité au chirurgien, afin que personne ne puisse se faire opérer sur un coup de tête et ensuite traîner le chirurgien devant la justice pour mutilations (qui sont sévèrement punies en France). (Les médecins ont partout dans le monde tendance à surtout rechercher leur sécurité juridique, mais dans certains pays, ce système est relativement souple en ce qui concerne les attestations psychiatriques et les délais des opérations. Hélas, le système français est plutôt rigide.) Il s'agit donc d'une sécurité pour les médecins, qui peut être gênante pour certaines personnes transsexuées (celles qui savent très bien de quoi elles ont besoin et qui souffrent beaucoup de leur état), mais qui peut aussi empêcher d'autres de faire une énorme bêtise (celles qui ne sont pas encore très sûres de ce qu'il leur faut et qui ont tendance à décider sur un coup de tête). La précipitation est mauvaise conseillère dans tout ce qui touche au transgénérisme, et cela vaut tout particulièrement pour la chirurgie.
En fait, la quasi obsession de beaucoup de personnes transsexuées pour la chirurgie génitale (sont surtout concernées les homme-vers-femme) provient souvent, outre la pression de la société qui ne veut admettre que l'existence exclusive de deux sexes, de l'accent exagéré qu'elles mettent sur le symbole de la castration (cela peut même tourner vers le fantasme sexuel, ou bien en provenir, ce qui est à notre avis une justification tout à fait invalide pour une intervention chirurgicale qui changera votre vie à tout jamais). Les cas de transsexuées, qui, dans un instant de désespoir, ont tenté de se castrer ou de 's'opérer' elles-mêmes de façon 'artisanale' (et qui en sont parfois mortes), ne sont malheureusement pas si rares. Mais il y a aussi un autre danger, à première vue moindre, qui guette les transsexuées homme-vers-femme : Depuis qu'existent des médicaments anti-androgéniques très puissants dans le genre de l'Androcur® (médicament conçu au départ pour 'castrer chimiquement' des violeurs compulsifs condamnés à perpétuité), certaines transsexuées les utilisent volontiers pour 's'opérer' de façon chimique : elles trouvent agréable de perdre absolument toute fonction génitale et toute libido mâle. Nous pouvons comprendre leur raisonnement et leurs sentiments, mais nous vous mettons formellement en garde contre cette procédure : non seulement l'Androcur® est un médicament à hauts risques pour votre santé (il possède quelques dizaines d'effets secondaires graves), mais en outre, il ne faut pas oublier que votre libido fait partie de votre vie psychique autant que de votre vie sexuelle : sans libido aucune, plus de joie de vivre, votre caractère peut changer du tout au tout, et des dépressions allant jusqu'au désir de suicide peuvent apparaître. Il existe des médicaments anti-androgéniques moins violents que l'Androcur® qui permettent de très bien contrôler vos fonctions génitales et votre libido, sans pour autant y risquer votre santé autant physique que mentale. Malheureusement, beaucoup de médecins préconisent à tout prix une thérapie à l'Androcur®, même souvent préalablement à tout traitement estrogénique, ce qui à notre avis relève dans les meilleurs cas de la paresse et de l'ignorance, dans tous les cas de la faute professionnelle, et dans les pires cas du 'jeu' (ou plutôt de l'abus) de pouvoir intentionnel (à peu près sur le thème "on va déjà vous castrer chimiquement pendant un an, on verra bien si vous avez toujours envie de 'devenir une femme' après ça"; cette attitude existe réellement, hélas). Ceci est à notre avis totalement contraire à la déontologie médicale et s'approche de la mutilation intentionnelle (après quelques mois de traitement à l'Androcur®, vous resterez stérile à vie, même après l'arrêt du traitement), sans parler de la dimension sadique de ce 'jeu'. Ne vous mutilez pas, ne vous laissez pas mutiler non plus, essayez plutôt de trouver votre équilibre psychique avant toute intervention irréparable, qu'elle soit chirurgicale ou pharmaceutique.
En France, c'est possible à condition de suivre le 'parcours du combattant' officiel (2 ans au moins de traitement psychiatrique, traitement hormonal imposé et risqué, souvent à base d'ethinylestradiol et d'Androcur®). Le chirurgien et la technique opératoire ne se choisissent généralement pas, et les opérations ont lieu en France, qui est très loin d'être à la pointe dans ce domaine (et pour cause, ces opérations ayant été totalement interdites en France jusqu'il y a peu, en vertu d'une loi en vigueur punissant les mutilations). Le Sécurité Sociale française se fait en général très longuement prier avant de daigner rembourser une intervention effectuée dans un pays étranger, même si celui-ci fait partie de l'Union Européenne et a conclu des accords allant en ce sens avec la France.
A titre d'information, pour les opérations effectuées à l'étranger (Allemagne, Grande-Bretagne, Belgique, Suisse, Canada, Etats-Unis ....), compter au minimum 15000 à 30000 euros pour une opération génitale homme-vers-femme (le triple pour une opération femme-vers-homme), pour un résultat de qualité, charges en sus (il faut voyager et séjourner dans le pays). La Thaïlande revient moins cher pour les frais médicaux, mais le voyage est long et les conditions climatiques ainsi que l'alimentation traditionnelle du pays ne conviennent pas à tout le monde. Les résultats obtenus par les chirurgiens thaïlandais ne sont apparemment pas franchement mauvais mais restent sujets à caution, comme leurs techniques semblent différer notablement des techniques de leurs confrères européens et américains. Ne pas oublier non plus qu'une opération génitale se fait habituellement en deux temps à quelques mois d'intervalle (les 'gros travaux' d'abord, la 'finition esthétique' ensuite), ce qui vous oblige à retourner sur place.
Et vous n'êtes pas le/la seul(e). Nous connaissons très peu de personnes transgenre qui n'ont pas eu la frousse la première fois qu'elles se sont montrées au grand jour, et aucune d'entre elles n'en menait large, nous-mêmes incluses.
Mais il faut surmonter cette peur, pour deux raisons : pour vous, et pour les autres.
Pour vous, car si vous restez caché(e) à vie, vous vous rendrez malade à force de vous faire des reproches. Vous n'aurez peur que les toutes premières fois que vous sortirez (souvent, cette peur s'estompe d'ailleurs presque instantanément dès vos premiers pas publics). Elle disparaît vite en comprenant que s'afficher tel(le) qu'on le veut est un droit, et que cela ne fait de mal à personne. Hormis quelques imbéciles qui n'oseront en général de toutes façons pas vous dire en face ce qu'ils pensent, la plupart des gens n'auront absolument aucun problème avec vous. Vous cacher, en revanche, alimentera en vous des sentiments de culpabilité qui vous rongeront immanquablement, et qui par là amplifieront votre malaise jusqu'à vous en rendre malade.
Pour les autres, car vous montrer aux autres tel(le) que vous êtes est également un acte important pour la société : les gens ont peur de l'inconnu, pas de ce qu'ils connaissent (pourquoi croyez-vous que dans toutes les sociétés humaines, les boucs émissaires collectifs soient systématiquement des minorités mal connues par la majorité ?). Or, comment voulez-vous que les gens dits 'normaux' comprennent qui sont les personnes transgenre si nous restons tous et toutes cloîtré(e)s chez nous ? Faites l'essai, vous constaterez : allez à un endroit public pour la première fois habillé(e) comme ça vous chante (donc, travesti(e)) : surprise générale, chuchotements, tout le monde vous regarde, vous alimentez la conversation de la galerie .... (restez calme, personne ne vous fera de mal pour autant !). Retournez plusieurs fois au même endroit : à chaque fois, vous serez moins remarqué(e) et moins commenté(e), vous finirez par devenir 'normal(e)' pour les autres personnes fréquentant cet endroit. Souvent, vous constaterez même que les gens commenceront à s'intéresser à vous, saisissant la chance de parler de vive voix à un type de personne dont ils ne connaissaient l'existence que par les media : c'est très bien, ils viennent de comprendre que vous n'êtes pas un phénomène de foire ou une bête curieuse, mais une personne comme toutes les autres. C'est exactement de cette façon-là que fonctionnent les mécanismes d'apprentissage de la société humaine, et nous pensons qu'il est important pour toutes les minorités sociales, et notamment pour les personnes transgenre, d'utiliser ce mécanisme à leur avantage (qui est aussi l'avantage de la société, en fin de compte). Ce n'est pas la société qui viendra vers vous pour vous sortir de votre placard et vous intégrer en son sein, c'est à vous de faire ce pas en premier et de provoquer votre acceptation par les autres.
Sortir est donc très important pour les personnes transgenre car c'est le seul moyen de passer outre votre culpabilité et de vous assumer. Et si ça vous fait un peu peur la première fois, consolez-vous : vous passerez probablement l'un des plus mémorables jours de votre vie, qui vous en apprendra plus sur qui vous êtes que toutes les années passées dans le secret.
L'idéal pour la première fois est de sortir avec de 'grandes soeurs' (ou 'grands frères'), p.ex. des copains/copines transgenre rencontré(e)s dans un groupe de support, avec qui on se sent en confiance. Une soirée, p.ex. au restaurant, où l'on est 'entre nous' est toujours moins intimidante. On prend alors vite de l'assurance, et se montrer au grand jour partout tel(le) que l'on est n'est bientôt plus un problème.
Non. Cette 'solution' n'est pas viable à moyen ou long terme, pour deux principales raisons :
- Dire la vérité, ça fait moins de choses à retenir et plus d'énergie disponible pour vivre. Se cacher demande une attention permanente au quotidien, des soucis, des mensonges aux personnes qu'on aime, la peur de se faire prendre, etc. Cela fait beaucoup d'énergie dépensée à freiner au lieu d'avancer, et votre échafaudage de mensonges s'écroulera un jour en faisant d'autant plus de dégâts, autant sur vous que sur vos proches, que vous y aurez investi de temps et d'énergie. Vivez votre vie au lieu de la cacher.
- En se cachant, on ne s'assume pas et on entretient son sentiment de culpabilité. Sortir permet au contraire de le combattre et de comprendre qu'on ne fait rien de mal.
Honnêtement, non, vous ne ferez probablement pas illusion. Les premières fois en public, on 'passe' très rarement pour ce qu'on voudrait être, pour plusieurs raisons : on a souvent tendance à en faire trop (pas étonnant quand on a passé des années à s'habiller uniquement à la maison, où personne ne nous freine ....), on ne s'habille pas de façon 'naturelle' (même remarque), et surtout, on est un peu mal à l'aise et ça se voit. Tout cela s'apprend, et gagner en assurance dans sa 'nouvelle peau' est une chose qui vient avec le temps et les sorties. Mais ce n'est absolument pas une raison pour se décourager : essayez de vous comporter de façon naturelle, comme si votre sortie était la chose la plus normale du monde (et en fait, elle l'est !) et surtout ne rasez pas les murs comme un(e) voleur/se ! Si vous vous répétez "je veux être parfait(e) avant de sortir", vous ne sortirez jamais (et d'ailleurs, rien n'est plus relatif que la notion de 'perfection' ....). Allez-y au culot, c'est la seule façon d'y arriver.
Non seulement, on apprend en s'exerçant, mais en plus, le 'passing' (le fait de passer aux yeux des autres pour 'l'autre sexe') n'est pas un but en soi. L'intérêt de sortir est avant tout de se sentir bien et d'apprendre à s'assumer. Le passing y participe, c'est certain, mais la disparition du sentiment de culpabilité y contribue bien plus.
[note de Cornelia : par ailleurs, un 'bon' passing est quelque chose de quasi indéfinissable, et qui dépend énormément des gens et des circonstances. Il m'est souvent arrivé de sortir bien maquillée, épilée et tirée à quatre épingles et d'être appelée 'monsieur' tout au long de la journée, alors qu'un autre jour, je faisais des courses en tenue de travail (vieux jean, parka militaire et tennis pas fraîches) avec une barbe de deux jours en plus (eh oui, pas trop le choix avant une séance imminente d'épilation au laser), et on m'appelait systématiquement 'madame', à ma grande surprise. J'en ai à ce jour tiré la conclusion que ce sont les premières fractions de secondes de perception qui décident de l'étiquette que les gens vont vous coller inconsciemment : tel ou tel signe leur dit que vous êtes un 'monsieur' ou une 'madame', et par la suite ils s'y tiennent en général dur comme fer, même s'ils se rendent compte de leur 'erreur'. Ces signes sont extrêmement variés et complexes, et votre tenue vestimentaire ainsi que votre maquillage ne représentent qu'une toute petite partie de tout cela : vos gestes, vos mouvements, votre voix, votre phrasé (votre façon de parler), et plein d'autres choses inconscientes, tout en vous participe à créer des 'indices' qui signifient aux autres ce que vous êtes. Bien sûr, on peut s'amuser à jouer sur ces signes et indices (ce qui est un art très difficile d'ailleurs; demandez à un acteur qui a joué des rôles 'travestis'), mais personnellement, je préfère en général être naturelle, que ça 'passe' ou non : je suis comme je suis, c'est à prendre ou à laisser.]
Ce que vont dire les gens ? Ouvertement, rien ou presque. Derrière votre dos, peut-être vont-ils commenter. Mais quelle importance ? C'est de votre vie qu'il s'agit, pas de celle des autres, donc quelle importance peut avoir leur opinion ? D'ailleurs, ils ne se soucient sûrement pas de la façon dont vous les voyez, alors pourquoi vous soucier de la façon dont eux vous voient ?
Conseil : s'il vous arrive d'essuyer des remarques plus ou moins déplaisantes (qui sont très souvent le fait d'une petite bande d'adolescents pubertaires à la recherche de leur propre identité, menée par un des leurs qui a la gueule plus grande que les autres), soit ignorez-les (en général c'est la meilleure solution), soit répondez avec humour (si vous en avez le temps et l'envie) : dans le premier cas, ils se lasseront très vite, dans le deuxième cas, ils vous trouveront sympa tout en comprenant que vous ne vous laissez pas marcher sur les pieds, ce qui désamorcera la situation. Lisez aussi le chapitre 'Va-t-on me huer ou tabasser dans la rue ?' ci-dessous.
Où vous voulez !
Une erreur très fréquente des personnes transgenre, surtout de celles qui ne sortent pas encore en public, est de s'imaginer qu'elles seront regardées de travers ou huées par les commerçants ou les autres clients si elles vont acheter des vêtements qui ne correspondent pas à leur identité apparente (p.ex. quand une transgenre homme-vers-femme va acheter 'en homme' des vêtements de femme pour elle-même). Cette forme de culpabilité nourrit d'ailleurs toute une branche de vendeurs par correspondance (notamment sur Internet) soi-disant 'spécialisés travestis' et 'discrets', qui profitent de votre honte pour vendre 3-5 fois trop cher des vêtements de qualité souvent médiocre et qu'on pourrait d'habitude très bien trouver (et surtout essayer !) dans des magasins tout à fait ordinaires.
Tenez-le vous pour dit : aucun commerçant connaissant son métier ne vous mettra à la porte ou vous recevra mal aussi longtemps qu'il espérera vous vendre quelque chose. Et il n'y a aucun mal à essayer p.ex. des vêtements de femme à votre taille, même si vous vous présentez habillé(e) 'en homme'. Essayez, demandez conseil, faites-vous aider, soyez un(e) client(e) tout à fait ordinaire, et si vraiment le commerçant devait être de mauvaise grâce, partez en claquant la porte et en lui faisant comprendre à haute voix que son concurrent d'en face saura sûrement mieux apprécier que lui la valeur de vos billets de banque. Il l'aura mérité.
Vieille légende qui a la vie très dure ....
Non ! Se travestir est parfaitement légal. Les codes vestimentaires ne sont qu'une coutume et n'ont heureusement pas force de loi.
En fait, la police est surtout censée nous protéger, pas nous embêter, surtout pas pour des broutilles comme notre tenue vestimentaire. Les policiers sont des professionnels qui doivent en principe s'en tenir à la stricte application de la loi. Vous n'êtes pas obligé(e) d'aimer la police (nous non plus), mais le fait est que voir des policiers ou des gendarmes dans les parages est souvent ressenti comme rassurant les premières fois qu'on sort, surtout quand on manque encore d'assurance et qu'on craint de se faire huer ou agresser par des passants.
Mais d'où vient donc cette légende qui prétend qu'en France il est interdit de se travestir ? Il y a des lustres (en 1907, exactement), un arrêté pris par le préfet de police de Paris interdisait (excepté le jour de Mardi-Gras; amusant, n'est-ce pas ? ....) le travestissement dans le département de la Seine. Il s'agit de l'arrêté Lépine (le même Lépine qui a créé le fameux concours), et il ne s'appliquait bien entendu qu'à un seul département, pas à la France entière. En outre, le département de la Seine n'existe plus depuis belle lurette, et ce texte va complètement à contre-courant des lois actuellement en vigueur, qui instaurent une égalité entre les sexes, ainsi que du Nouveau Code Pénal, entré en vigueur en 1994. Aucun policier ni magistrat ne peut donc plus invoquer ce texte sans risquer de voir sa procédure démolie en quelques secondes par le premier avocat venu, et c'est pour cela que cet arrêté est totalement obsolète et n'a plus qu'une existence théorique de nos jours (à notre connaissance, cet arrêté a servi de prétexte pour la dernière fois dans les années 70 lors de rafles dans le milieu des prostituées transsexuées parisiennes; déjà à l'époque il s'agissait d'un abus juridiquement indéfendable). D'ailleurs, si jamais il devait vous arriver la chose hautement improbable qu'une policière en tenue fasse valoir cet arrêté devant vous, n'hésitez pas à invoquer le vice de forme, car cet arrêté interdisait aussi le port du pantalon aux femmes...
[note des rédactrices : Ce n'est pas juste une belle théorie que nous vous racontons. Nous n'avons à ce jour jamais eu le moindre problème avec les forces de police, et nos connaissances transgenre non plus, les policiers et gendarmes se sont même régulièrement montrés d'une politesse et correction parfaites envers nous, à notre grande surprise. Alexandra s'est p.ex. récemment présentée à la gendarmerie en jupe, talons et maquillage pour une question de papiers militaires (eh oui, on n'y coupe pas non plus, nous ....), et les gendarmes ont été plus que courtois à son égard.]
Probablement oui, ça risque d'arriver de temps à autre, mais pas plus qu'à la plupart des femmes, ou à n'importe qui qui attire un peu l'attention. Les imbéciles vociférants sont une minorité parmi les passants, mais c'est celle qu'on entend le plus. Se faire insulter dans la rue peut être très blessant, surtout au début, mais en prenant de l'assurance et en comprenant que ces insultes ne viennent que d'une poignée d'imbéciles, on finit vite par les ignorer, voire par en rire. On finit aussi par comprendre qu'en immense majorité, les gens se fichent totalement de nous et de notre apparence, et c'est très bien comme ça.
Le risque existe, bien sûr, comme pour beaucoup de gens, mais il est très faible et on peut le réduire. Le problème des personnes transgenre est qu'elles attirent l'attention, donc aussi l'attention des 'petits cons'.
- Dans la mesure du possible, évitez de sortir seul(e) (surtout au début), et évitez de faire du shopping les mercredi (les troupeaux de scolaires sont en vadrouille) et les samedi après-midi (beaucoup de personnes un peu 'beaufs' sortent alors 'en ville', souvent en bande, pour lécher les vitrines).
- Evitez de sortir dans des tenues trop voyantes ou provocantes (ce qui est d'ailleurs un problème typique des débutant(e)s, qui n'ont souvent pas grand-chose d'autre à mettre; faites-vous conseiller par des consoeurs ou confrères plus expérimenté(e)s, et sortez avec elles/eux). Habillez-vous sobrement, comme la plupart des gens.
- Evitez les endroits à risque (quartiers réputés 'zone', ruelles sombres, bars mal famés, endroits isolés ....) et les 'mauvaises' heures (p.ex. un dimanche matin à 4 h, il n'y a guère plus dans la rue que des bandes de copains alcoolisés qui sortent des discothèques ou des bars; les ennuis sont assurés si vous les croisez). Ne sortez qu'avec un minimum d'affaires et d'argent sur vous, ou bien cachez le reste de vos affaires dans votre voiture (avant de vous garer, bien entendu : si un voleur ou agresseur potentiel vous observe farfouiller pendant 5 minutes sous les sièges ou dans la boîte à gants de votre voiture dès que vous venez de vous garer, il saura où chercher vos sous et votre carte bancaire ....).
- Adoptez une attitude non agressive mais sûre de vous. Marchez avec assurance, levez la tête, ne vous cachez pas, occupez votre bout d'espace public comme tout le monde. N'ayez pas l'air d'une victime, ça attire infailliblement les lourdauds et les agresseurs. En cas d'altercation, évitez le conflit autant que possible. Le mieux est en général de ne pas réagir du tout et de quitter les lieux.
- Ne comptez pas sur les autres passants pour prendre votre défense en cas d'agression, la plupart resteront de marbre ou s'en iront au plus vite. En revanche, si la situation s'envenime, n'hésitez pas à faire appel à la police, qui est censée vous protéger et qui est en règle générale compréhensive face à une victime d'agression.
Oui, mais dans le bon ordre et en douceur.
A terme, il faudra le faire, si votre besoin de vivre dans le 'sexe opposé' représente plus qu'un loisir occasionnel (et même dans ce dernier cas, nous vous recommandons d'être franc(he) avec les autres, c'est une question de respect envers eux et envers vous-même). Vivre dans le secret est aussi difficile que pesant. Lisez le chapitre 'Dois-je continuer à me cacher ?'.
Il ne s'agit pas pour autant de combattre sur tous les fronts simultanément :
C'est sans conteste la première personne à informer. On ne peut pas bâtir son couple sur le mensonge.
Oui, obligatoirement, tout de suite après avoir informé votre partenaire. Si vos enfants sont prépubères, ils n'auront en général pas de problème à vous accepter, aussi longtemps que vous leur montrez que vous les aimez toujours pareil et que vous ne faites rien pour les culpabiliser (surtout pas de reproches du genre "c'est à cause de vous que je me cache depuis 10 ans et que j'en souffre", un enfant ne saura pas comprendre ça et en souffrira très fort !) : nous connaissons beaucoup de cas où le coming-out envers les enfants s'est passé en quelques secondes, comme une lettre à la poste, et où les enfants sont même fiers d'avoir 'un papa (ou une maman) pas comme les autres'. Si vos enfants ont l'âge de la puberté, cela peut être plus problématique, car ils sont en train de se chercher eux-mêmes, ont tendance à contester l'autorité parentale et sont relativement instables. Là aussi, il s'agit d'être clair(e) et ouvert(e) et surtout de leur montrer que ce n'est pas un 'nouveau petit hobby égoïste' que vous leur révélez, mais qu'il s'agit bien de votre vraie personnalité et que vous êtes toujours là pour eux, que ce soit en tant que père ou en tant que mère. Enfin, si vos enfants sont d'âge adulte, tout dépend de leur situation : s'ils ne sont pas encore stabilisés socialement (p.ex. étudiants), votre révélation peut être difficile à supporter pour eux, pour les mêmes raison que lors de la puberté. S'ils sont déjà socialement stables (emploi fixe, famille, enfants ....), ça se passe en général mieux. En résumé : tout dépend de la situation particulière, mais plus vos enfants sont proches de vous, mieux ça se passera en général. En tout cas, révélez-vous impérativement à vos enfants, vous le leur devez. Si vous les 'trompez' sur votre vraie personnalité, vous risquez une rupture sérieuse et définitive, tout comme avec votre partenaire.
Sans hésitation, oui. Vos vrais amis vous accepteront tel(le) que vous êtes et seront là pour vous soutenir dans cette période délicate de votre vie. Quant aux autres, bon débarras, ce n'étaient pas de vrais amis. Mieux vaut avoir un(e) vrai(e) ami(e) que cent faux/sses. Se révéler à ses amis est aussi un excellent entraînement pour des coming-out futurs avec ses parents ou ses collègues.
Tout dépend de la relation que vous entretenez avec eux. S'ils ont 90 ans, sont cardiaques, dépressifs, et ne vous voient qu'une fois par an, le jeu n'en vaut peut-être pas la chandelle. Si vous êtes proche d'eux, en revanche, il sera de plus en plus difficile de continuer à leur mentir. Beaucoup de personnes transgenre ont des relations très difficiles avec leurs parents, soit parce que ceux-ci ont réprimé toute velléité transgenre dans leur enfant, soit parce que l'enfant n'a jamais osé se révéler à eux et s'est donc enfermé dans une coque hermétique. Dans le premier cas, une rupture définitive avec vos parents est probable dès l'instant où vous leur faites comprendre que dorénavant vous comptez vivre votre vie transgenre envers et contre tous, mais cette rupture sera probablement salutaire, autant pour eux que pour vous. Dans le deuxième cas, révéler votre transidentité à vos parents sera l'occasion de tirer beaucoup de choses au clair et une chance d'assainir vos relations. Dans tous les cas, nous vous recommandons l'honnêteté envers vos parents et envers vous-même.
En principe oui, mais attention ! Tout dépend de l'environnement dans lequel vous travaillez (macho ? décontracté ? réac' ? etc.) et du caractère plus ou moins vital, pour vous, de passer 'dans l'autre camp' aussi au boulot. Si vous ne ressentez aucun besoin de vivre votre transidentité aussi sur le lieu de travail, abstenez-vous de la révéler à vos collègues et à votre employeur : votre transidentité restera privée, c'est tout. Or, beaucoup de personnes transgenre, surtout les transsexué(e)s, ne supportent pas de vivre une double vie et ont besoin de vivre leur véritable identité 'full time', 24 heures sur 24. Dans ce cas, une transition vers votre 'nouvelle' vie devient vite indispensable au travail aussi.
Mais attention : sans travail, pas d'argent. Et sans argent, plus de transition vers votre nouvelle vie, plus de vêtements, plus d'hormones, et plus de vie sociale tout court (oui, la société humaine est mal faite, malheureusement). Si vous le pouvez, le mieux est de faire des compromis. Si vous avez besoin de vivre dans 'l'autre sexe' en permanence, attendez que tous les autres points soient réglés avant d'envisager un coming-out au travail :
Situation claire avec le/la partenaire, la famille, les amis.
Assurance suffisante acquise par plusieurs mois de vie dans 'l'autre sexe' de façon permanente et publique dans votre vie privée.
Etat psychique satisfaisant, à savoir ne pas être en pleine période de dépression ou de dysphorie pour le faire.
Ne pas laisser se dégrader la qualité du travail que vous faites (car là, vous fournissez à votre employeur une excuse toute trouvée pour vous licencier pour faute professionnelle).
Si vous faites les choses bien, en préparant le terrain (mettez d'abord vos collègues au courant, un à un, pour désamorcer l'argument classique des employeurs qui est "ça va troubler vos collègues et dégrader l'ambiance au travail"), et si votre employeur est intelligent, tout devrait bien se passer. Beaucoup d'employeurs se fichent de ce qui relève de votre vie privée, et même publique, du moment que vous continuez à leur rapporter de l'argent en faisant votre travail correctement.
Il peut arriver que vous perdiez votre partenaire en vous révélant, mais c'est en vous cachant que vous le/la perdrez à coup sûr. Car ce que vous lui cachez, votre partenaire le découvrira forcément un jour, et ce mensonge (ou ce que votre partenaire considérera comme un mensonge; la réalité vécue par vous n'est pas toujours aussi simple) détruira alors irrémédiablement votre couple, en faisant beaucoup souffrir tout le monde (vous, votre partenaire, vos enfants, vos familles, vos amis ....). Votre partenaire ne vous pardonnera pas de lui avoir caché quelque chose d'aussi important, et il/elle a raison : un couple se construit sur la confiance, pas sur le mensonge ni sur la tricherie. En disant tout à votre partenaire, vous courez certes le risque de le/la perdre, car il/elle a peur de cette facette de vous qui est nouvelle pour lui/elle. A vous de tout lui expliquer en douceur, et d'accepter des compromis afin que cette crainte disparaisse (ce qui prendra du temps, souvent plusieurs années). Plus vous attendrez pour tout lui dire, une fois que vous aurez vous-même accepté votre transidentité, plus votre partenaire aura du mal à l'accepter à son tour.
Il se peut que malgré tous vos compromis et votre patience, la séparation devienne inévitable. Mais même dans ce cas, avoir tout révélé aura été le bon choix, car on provoque rarement la séparation en révélant sa transidentité. On ne fait en général que se rendre à l'évidence que le couple n'était pas viable de toute façon, et que la transidentité est juste le catalyseur qui finalise la faillite du couple.
Ne perdez néanmoins pas espoir : nous connaissons beaucoup de couples qui ont parfaitement survécu, et depuis des années, à la transidentité d'un(e) des partenaires, même après une opération chirurgicale et un changement d'état civil.
Les 'bons' parents ne souhaitent que le bonheur de leurs enfants. Si vous leur faites comprendre, en douceur, que votre 'nouvelle vie' vous permet d'être heureux/se, ils vous accepteront et vous soutiendront.
D'après nos expériences, les enfants prépubères sont les personnes qui ont le moins de problèmes avec la transidentité. Ils comprennent et acceptent en général très bien, et intégrer cet élément dans leur éducation les aidera d'ailleurs sans doute à être plus ouverts d'esprit plus tard. Quant aux enfants plus âgés, voir ce que nous en disons ci-dessus.
Vos faux amis (ceux qui se prétendent vos amis mais qui se défilent en cas de coup dur), oui. Vos vrais amis, non. Ceux-ci vous soutiendront au contraire et vous aideront à passer ce cap difficile. Souvent, partager sa transidentité avec ses amis permet d'ailleurs de renforcer les liens d'amitié.
D'après la loi, non.
La loi vous protège :
L'article L122-45 du Code du Travail (partie législative) interdit les licenciements ou discriminations en raison du sexe, des moeurs ou de l'orientation sexuelle.
L'article L225-1 du Code Pénal (partie législative) interdit ces mêmes discriminations.
La directive 76/207/CEE du Conseil de l'Europe, du 9 février 1976, traite de l'égalité entre hommes et femmes, et s'étend aux personnes transgenre.
Dans les faits, attention.
Il existe 100 façons de licencier quelqu'un pour des motifs fantaisistes, et 1000 façons de vous rendre la vie impossible au travail (le fameux harcèlement, appelé 'mobbing' en anglais).
Moralité : attendez le moment adéquat avant de vous révéler à votre travail, et ne le faites que si c'est vraiment nécessaire à votre bien-être. Pensez aussi à tâter et préparer le terrain quelques mois à l'avance, de façon à assurer un coming-out qui se passe le mieux possible.
Lisez notre page Droit.
Avant un changement d'état civil, non.
Après un changement d'état civil (qui n'a rien d'obligatoire), oui, aussi longtemps que le mariage homosexuel n'existe pas en droit français (le PACS ne vous est par contre pas interdit, bien que nous manquions actuellement d'informations sur son application aux personnes transgenre).
Dans les faits, la justice attend que le divorce soit prononcé avant d'accorder le changement d'état civil.
Oui, après le changement de votre état civil (et donc, selon la jurisprudence française en vigueur, après une opération génitale et tout ce qui la conditionne), vous pourrez vous marier avec une personne de sexe opposé (cela vaut donc aussi pour les transsexués femme-vers-homme).
Certains juristes souhaiteraient remettre ce droit en question (J. Hauser, RTD civ, 1993, no. 2, p. 325), ce qui serait une atteinte à une liberté fondamentale. Il existe des cas de parents qui se sont opposés par une procédure en justice au mariage de leur enfant transsexué(e). Mais aucune de ces procédures n'a abouti.
Non !
L'identité sexuée de votre enfant est telle qu'elle est, et votre responsabilité là-dedans est proche de zéro. Les recherches scientifiques s'accordent pour dire que cette identité se construit dans les tout premiers mois de la vie, et sans doute en grande partie même avant la naissance. Vous n'avez aucun reproche à vous faire, ne culpabilisez pas.
Par ailleurs, la transidentité n'a rien de tragique, elle existe depuis la nuit des temps en tant que variante naturelle des identités du genre humain. C'est simplement un élément de la personnalité de votre enfant qu'il vivra bien si son entourage le vit bien. Ni vous ni personne ne changerez votre enfant. Votre culpabilité ne l'aidera pas. Votre soutien, si.
Surtout ne le/la forcez à rien !
Vous n'arriveriez à rien de bon, et d'ailleurs, il n'y a en général pas de 'comme avant' : la transidentité fait dans la plupart des cas partie de la personnalité dès le plus jeune âge. Votre enfant a sa propre identité que vous ne pourrez de toutes façons pas changer, et l'empêcher de vivre sa transidentité reviendrait à lutter contre sa nature et à essayer de le détruire. Vous ne pouvez pas combattre cette nature, et si vous le tentez, vous risquez de perturber gravement votre enfant. Acceptez-le/la comme il/elle est, accompagnez-le/la, soutenez-le/la, mais surtout, n'essayez pas de former à votre propre idée le développement de son identité sexuée : les salles d'attente des psychiatres sont remplies de gens perturbés à vie par ce genre de tentatives 'éducatives'.
Ne le/la rejetez pas, soutenez-le/la : c'est votre enfant, peu importe son identité, et il/elle a besoin de votre amour. Soyez à son écoute et défendez-le/la contre ceux pour qui sa transidentité est un problème. Laissez-le/la trouver sa voie lui/elle-même et ne cherchez surtout pas à l'influencer. Renseignez-vous au près de l'Ordre des Médecins sur les psychiatres proches de chez vous, beaucoup savent conseiller les parents de personnes transgenre. S'il existe un groupe de support des personnes transgenre dans votre région, contactez-le.
© Support Transgenre Strasbourg, le 16 mai 2024