Aujourd'hui, à l'occasion de la journée internationale du souvenir des
transgenres victimes d'actes transphobes, une vingtaine de militants d'Act
Up-Paris ont mené une action contre le Caisse nationale d'assurance maladie
(Cnam), pour protester contre les discriminations que la Caisse fait peser sur
les transsexuelles et les transgenres.
La Cnam vient en effet, par le biais de menaces, chantages et pressions,
d'interdire aux chirurgiens d'opérer les trans, en dehors des équipes
auto-proclamées " spécialistes " de la question. Cette décision
vient s'ajouter au manque de transparence dans l'attribution du E112. Ce
formulaire, suivant la convention européenne, permet à tout individu de
bénéficier d'une prise en charge en Europe pour des soins inexistants en
France ou de mauvaise qualité ; ce qui est le cas en ce qui concerne la
chirurgie de réassignation, encore trop aléatoire dans sa réussite
esthétique et surtout dans sa fonctionnalité technique et sensible.
En nous condamnant à la non-liberté du choix de notre praticien (psych
-iatre/-ologue/-analyste, endocrinologue, chirurgien), la CNAM est dans
l'illégalité. En nous soumettant de force ces équipes auto-proclamées
spécialistes de la question trans, pourtant transphobes et incompétentes sur
ces questions; elle nous expose non seulement à une psychiatrisation sous contrainte (le transsexualisme est encore
inclus dans le DSMIV !), mais aussi à une ultra-pathologisation de la question
trans par un protocole qui va en tout point à l'encontre des standards de soin.
L'incohérence de ce protocole ne conduit qu'à l'idée d'une forme de
transsexualité élite hétéronormée qui exclut d'emblée 85% des personnes
transsexuelles et d'emblée les transgenres. En effet, il varie d'une équipe à
l'autre et les critères et le quota de "sélection" sont arbitraires.
Pour bénéficier d'un parcours hormono-chirurgical, il faut avoir sur Paris
plus de 23 ans, plus de 25 sur Lyon, avoir un casier judiciaire vierge, n'être
ni mariéE, ni parent, ni séropo, ni prostituéE, ni être homosexuelLE dans le
nouveau genre, et faire partie des 15% de "candidats trans"
sélectionnéEs et prévuES pour l'année.Ce protocole implique de plus une
castration systématique avant tout changement d'état-civil, qui ne peut être
accrédité dans certaines régions qu'après expertise; expertise qui constitue
un véritable viol physique, moral et psychologique. De fait, les trans
séropositiVFEs, les transgenres et les trans non sélectionnéEs, excluEs du
protocole ne peuvent bénéficier des opérations et par conséquent du
changement d'état-civil, et sont contraintES ainsi à la clandestinité, la
marginalisation, l'exclusion sociale, l'auto-médication, l'auto-mutilation, le
suicide. C'est ce processus que nous entendons dénoncer aujourd'hui.
Act Up-Paris exige :
- Une dépsychiatrisation de la question trans
- Un accès à des soins médicaux de qualité
- Un libre choix de nos praticiens
- Un numéro de sécurité sociale correspondant au sexe social et non au sexe
d'assignation
Contact : Vincent He-Say, responsable de la Commission Trans : 06 62 94 88 67
© Support Transgenre Strasbourg, le 2 décembre 2007